Le Bouledogue Français, retour aux sources
LE BOULEDOGUE FRANÇAIS
Moi qui détestais les petits chiens j’ai découvert chez le Bouledogue français un grand chien dans un petit corps. Depuis je ne me lasse pas de ces boules d’amour qui ont envahi ma ferme.
Parmi les premiers Bouledogue français de mon élevage
DELIA du Hogan des Vents (caille) et GANDALF du Hogan des Vents (bringé noir)
Le Bouledogue français est un chien de petit format qui pèse entre 8 et 14 kg selon le standard officiel. Les couleurs de base sont le bringé et le caille. Le bringé peut varier de clair à très foncé qui peut paraître noir au néophyte. Le fauve a probablement été introduit par croisement ancien avec le Carlin ou bien il remontre au mini Bulldog anglais utilisé dans sa création. Il se décline également en caille fauve, appelé fauve et blanc.
Les Bouledogue français, qu’ils soient mâle ou femelle, ont des caractères très affectueux. Ce sont d’excellents chiens de compagnie. Ils sont très proches de l’homme, gentils et patients. Ce sont des chiens qui demandent peu d’exercice physique pour être heureux. Ils sont donc bien adaptés à la vie citadine.
Bouledogue français du type ancien, caille et bringé
De bon caractère, ils sont très faciles à éduquer. Par contre ils ne doivent pas rester tout seul à la maison sauf s’il y a déjà un premier chien déjà présent pour leur tenir compagnie. En effet ils adorent la compagnie de leur maître.
Tous mes chiens vivent en meute et je garde mes chiots jusqu’à trois mois au lieu des deux mois habituels pratiqués par la grande majorité des éleveurs pour le départ des chiots. Je me suis en effet aperçu que les jeunes apprennent énormément des adultes entre deux et trois mois, notamment la notion de limites à ne pas dépasser tout comme la morsure inhibée. A tous ceux qui me font confiance pour acquérir un Bouledogue français, je propose aussi un protocole d’éducation et un suivi à vie de leur chiot.
LES ORIGINES DU BOULEDOGUE FRANÇAIS
Le Bouledogue français est issu d’un croisement ancien entre des Toy Bulldog anglais et des terriers français. Son histoire débute en Angleterre après la disparition des combats de chiens et les croisements des Bulldog avec divers terriers de plus petite taille. Là bas vers 1820 ce petit chien devient un véritable compagnon pour les ouvriers anglais. La crise économique qui va s’étendre jusqu’en 1860 verra l’exode des dentelliers anglais vers la France. Fixés dans la région de Calais, ces ouvriers arrivent accompagnés de leurs chiens, des petits Bulldog appelés « Toy Bulldog ».
De nombreuses importations auront lieu amenant sur le continent une population de chiens très hétérogène. Ces petits Bulldog métissés attirèrent l’attention d’éleveurs amateurs français qui cherchèrent alors à les améliorer. A l’époque différents types de port d’oreille existaient : en rose, en tulipe et droite. Le mélange des races avait produit sur le sol français un petit Bulldog-Terrier à oreilles droites ou en coquilles, issus de probables métissages avec des chiens de même taille comme le Doguin ou le Carlin.
En France, ce petit chien encore très hétérogène dans son aspect fut largement adopté par les ouvriers et artisans modestes.
Un long travail de sélection fut nécessaire pour passer du petit Bulldog des dentelliers de Calais au Bouledogue français tel que nous le connaissons aujourd’hui. Ce petit chien régnait sur les quartiers populaires de Paris, c’était le chien du peuple, gardien, chasseur de rat et compagnon de tous les jours. Il est courageux, téméraire et parfois batailleur. En quelques décennies le Boule français deviendra la coqueluche des parisiennes aux mœurs légères puis de la bourgeoisie avant de partir à la conquête du monde.
A noter sur ce document ancien l’ouverture des narines qui fait cruellement défaut aux chiens hyper typés
QUELLE SELECTION POUR LE BOULEDOGUE FRANCAIS ?
Comment parler de sélection dans l’espèce canine quand la cynophilie moderne consiste seulement à classer en quelques minutes des chiens sur une apparence ? Et quelle apparence dans le cas du Bouledogue français, un petit monstre souffreteux sur pattes … très loin de ses origines.
La cynophilie officielle se donne pour mission de participer à l’amélioration des races canines. J’attends toujours de savoir ce qui a été amélioré au cours des 100 dernières années chez le Bouledogue français ? Car personnellement je ne vois qu’une grande détérioration avec une artificialisation totale de nos boules perclus de problème de santé et de reproduction.
Les éleveurs qui s’inscrivent dans cette lignée condamnent à moyen terme la race qu’ils sont censés préserver. C’est une voie sans issue. Cette logique de standardisation extrême et d’hyper types à la mode va totalement à l’encontre de la variabilité génétique essentielle à la survie des espèces. En effet la sélection sur un critère unique, la posture en exposition, concentre les problèmes génétiques.
Les éleveurs en sont arrivés à sélectionner des chiens qui ne sont pas malades au lieu de sélectionner des chiens en bonne santé. La nuance est de taille et ses implications dramatiques. Car plus on cherche à sélectionner des chiens qui ne sont pas malades, plus on en produit.
Aurions-nous oublié qu’un chien en bonne santé c’est juste l’état normal d’un chien ? Il est grand temps de sélectionner la globalité du chien dans une approche holistique en privilégiant le naturel à l’artificiel.
JILIANE (bringé) et JOLIETTE (fauve) du Hogan des Vents, deux sœurs de portée
Chiennes Bouledogue français nées de façon naturelle
L’hyper type des chiens sur lesquels la sélection a opéré provoque un raccourcissement du museau de façon très extrême. Chez le Bouledogue français par sélection le museau a quasiment disparu dans l’idée de leur donner une apparence humaine, c'est-à-dire une face plate avec de grands yeux En même temps que les éleveurs réduisaient le museau ils ont aussi raccourci le corps des Bouledogue pour les rendre très compacts. Cette sélection a modifié la colonne vertébrale en faisant disparaitre la queue des chiens mais elle provoque aussi des problèmes de hernies discales et de vertèbres soudées. Les Bouledogue français sans anomalies vertébrales sont aujourd’hui très rares.
L’hyper type est une catastrophe pour la santé. Les chiens et leurs organes ne sont plus oxygénés de façon correcte et les pauvres bêtes sont en détresse respiratoire permanente. Ils sont incapables de fournir un effort physique un peu intense et sont très sensibles à la chaleur.
En France, le test BREATH est censé déterminer la résistance à l’effort du Bouledogue français. Ce test s’effectue en plein air ou en intérieur, sous la surveillance d’un vétérinaire et d’un expert du club de race. Il consiste en une distance de 500 mètres à parcourir en un temps maximum de 6 minutes. Néanmoins ce test n’est absolument pas discriminant puisque la majorité des chiens le réussit. Un test pertinent donne une répartition des résultats suivant une courbe de Gauss. En 6 minutes mes chiens font bien plus que 500 m.
Quand on modifie l’extérieur du chien, on modifie également l’intérieur. Ceci explique entre autre tous les problèmes de digestion et d’allergies que rencontrent nombre de Bouledogue français.
Avec des corps très massifs et compacts les chiots naissent avec des têtes énormes et des épaules larges conduisant presque systématiquement les éleveurs à la césarienne au détriment du bien être des chiennes.
Dans ma pratique, je suis parti de ce qui devrait toujours être la base de l’élevage, le naturel. Mes actuels reproducteurs sont capables de se reproduire naturellement tant à la saillie qu’à la mise bas. Mes chiennes mettent bas naturellement et sont capables d’élever totalement leurs chiots sans aucune aide humaine. Tous les soins sont apportés en homéopathie.
FALABELLA du Hogan des Vents de couleur caille
En exposition canine on sélectionne uniquement les chiens sur leur aspect au détriment de ce qui fait le chien notamment la partie reproduction et même le caractère qui peut être totalement dégradé.
N’oublions pas que le modèle fonctionnel du chien c’est le loup, son ancêtre. Plus l’éleveur s’éloigne de ce modèle plus il crée des problèmes jusqu’à modifier des chiens qui deviennent totalement artificiels incapables de survivre et de se reproduire sans intervention humaine.
En France nous avons la chance d’avoir une population « sauvage » de Bouledogue français non LOF qui se maintient depuis les origines. Ils constituent un réservoir génétique très intéressant pour la sélection et pourtant ils sont largement exclus de cette même sélection par les éleveurs de la Société Centrale Canine (SCC).
FOLIE du Hogan des Vents de couleur caille
QUAND LA TECHNOLOGIE TUE L’ELEVEUR, LE CHIEN ET L’ELEVAGE
La technologie du XXIème siècle a réduit les éleveurs au simple rang de techniciens. Techniciens super pointus dans tous les tests à la mode. Mais techniciens seulement, pieds et poings liés à leur technologie, devenus incapables de produire des chiots sans tout cet arsenal technique, comme les chiennes bouledogue français devenues incapables de donner naissance à leurs chiots sans césarienne. L’éleveur en est venu à prendre la place de la chienne, à la mise bas en recourant à la césarienne et en biberonnant les chiots à gogo. Ces pratiques sont totalement désastreuses car elles détériorent fortement les qualités maternelles de nos chiennes boules les rendant inaptes à la maternité.
Eleveur, es-tu devenu fou ? Le documentaire « Chiens de race – Maîtres fous » devrait faire réfléchir ... pour le moins.
Le concept de « race pure » si cher à certain(e)s est particulièrement illusoire, surtout dans le cas du Bouledogue français dont l’histoire montre clairement qu’il est une création récente associant différentes populations de chiens anglais et français. Ce terme de race n’a en effet aucune réalité biologique. Dans son histoire un chien c’est d’abord une fonction et c’est la fonction qui a fait le chien pendant des siècles. Depuis un bon siècle la sélection des chiens n’a plus de sélection que le nom. D’où les dérives catastrophiques que nous pouvons observer dans bon nombre de races et qui conduisent à une réduction drastique de la longévité de nos compagnons.
Bouledogue français du type ancien (1898) de couleur bringé avec des oreilles tulipe
QUEL AVENIR POUR LE BOULEDOGUE FRANCAIS ?
La sélection est un travail de longue haleine. Il faut une bonne dizaine d’années pour tester une lignée. Et il faut compter une vingtaine d’années avant de sortir le chien idéal dans une lignée reproductible c’est-à-dire une lignée dont l’apparence et le comportement des chiots sont hautement prévisibles. La sélection n’est pas faite pour les gens pressés, elle est l’œuvre d’une vie.
Cette sélection ne peut se faire que sur des critères qui ont une réalité biologique puisqu’elle concerne la reproduction d’êtres vivants. Elle doit donc prendre en compte la santé mais aussi l’aptitude à la reproduction naturelle et le tempérament des chiens.
Bouledogue français du type ancien de couleur bringé sans lourdeur aucune
Bouledogue français du type ancien de couleur bringé et caille
Je travaille également l’immunité de mes chiens afin de les rendre plus résistants aux pathogènes qu’ils soient parasites externes ou internes. Je n’utilise pratiquement aucun produit chimique sur mes chiots et ceux qui restent à l’élevage ne reçoivent qu’un seul et unique vaccin dans toute leur vie. Pas de sur-vaccination dans mon élevage. J’accepte la sélection naturelle qui se produit pendant les premières semaines après la naissance. Au fil des générations cela m’a donné des chiens de plus en plus rustiques et résistants aux agressions extérieures. Elever des chiens dans des camisoles chimiques conduit à produire des chiens qui ne peuvent plus vivre que soutenus en permanence par tout un arsenal chimique – vermifuges, antiparasitaires et vaccins – qui est presque aussi destructeur pour eux que pour les pathogènes et parasites qu’ils sont censés éliminer.
Au fil des générations mes Bouledogue sont de plus en plus rustiques. Ainsi sur ma ferme, PAX du Hogan des Vents, jeune mâle bringé, ne quitte pas un instant son copain Montagne des Pyrénées. Il vit avec lui en extérieur toute l’année. Il a bien sûr la possibilité de se mettre à l’abri mais il ne le fait que très rarement.
Chez mes Bouledogue français, j’ai démontré qu’il est possible d’inverser une tendance à l’artificialisation en 10 ans. De chiennes incapables de mettre bas sans césarienne, je suis passé, en faisant des choix judicieux, et sans aucun test, à un cheptel de chiennes qui mettent bas à 90 % de façon naturelle.
Tous mes mâles saillissent également sans aucune aide humaine. Un phénomène aujourd’hui exceptionnel chez le Bouledogue français alors qu’il devrait être la base de tout élevage. Les éleveurs qui avancent que les césariennes sont des opérations de « confort » pour les chiennes bouledogue devraient se faire ouvrir le ventre plus souvent afin de profiter du même confort.
JILIANE du Hogan des Vents - Bouledogue français bringé - née de façon naturelle (sans césarienne)
et ayant elle-même mis au monde trois portées naturellement.
Je cultive mon environnement qui est régulièrement ensemencé avec des microorganismes favorables pour ce qui est des lieux de couchage qui sont des aires paillées. La désinfection des milieux d’élevage est une aberration. Non seulement elle sélectionne des chiens hyper fragiles mais elle sélectionne aussi des pathogènes hyper résistants à tout traitement et mortellement dangereux y compris pour les humains.
EN CONCLUSION
Le Bouledogue français est un petit chien tout à fait charmant et un agréable compagnon. Il est grand temps de lui rendre sa santé afin qu’il puisse accompagner pendant de nombreuses années et sans soucis ses partisans qui sont nombreux partout en France et dans le monde.
Les éleveurs sont en première ligne pour opérer ce changement salutaire mais ils ne sont pas les seuls. Espérons qu’ils entendent ce message déjà diffusé par la profession vétérinaire « Souffrir pour plaire, non merci » et reviennent à la raison pour le plus grand bien de nos boules.
Les acquéreurs de Bouledogue français quant à eux doivent comprendre que le choix d'un certain type de minois a assurément des conséquences désastreuses sur la santé et le devenir même de leurs chiens. Des études ont montré que la plupart des maîtres n’ont même pas la perception de la détresse respiratoire de leurs chiens. A eux de devenir maintenant des « ConsommActeurs » éveillés dans le choix des éleveurs de Bouledogue français auprès desquels ils feront l’acquisition de leurs futurs compagnons.