Le Patou, chien de protection de troupeau
et compagnon du berger
Peut-il devenir chien de compagnie ?

LE MONTAGNE DES PYRENEES, UN CHIEN DISSUASIF ET NON AGRESSIF

Le chien de Montagne des Pyrénées ou « Patou » est un chien de protection sélectionné depuis des siècles dans les Pyrénées pour défendre les troupeaux contre les attaques de l’ours et du loup. Les patous travaillent en meute et savent s’organiser pour protéger au mieux leur troupeau.

Les Montagne des Pyrénées ont été sélectionnés de tout temps pour être dissuasifs et non pas agressifs. Le chien s’interpose alors naturellement entre l’élément étranger et le troupeau pour faire barrage.


Vallée d’Ossau dans les Pyrénées


COMPORTEMENT DES CHIENS DE PROTECTION

Les Montagnes ne se dressent pas. D’instinct ils connaissent leur rôle mais ils doivent recevoir une éducation de base et être correctement sociabilisés dans leur jeune âge.

Eu égard à leur fonction de protection, les Montagnes sont intelligents et indépendants de caractère. Ils parcourent leur territoire afin de détecter l’approche des prédateurs. Ils doivent savoir identifier un danger pour leur troupeau et agir à bon escient en toutes circonstances.

Historiquement les chiens de protection ont toujours travaillé avec des bergers et en meutes. Les chiens ont besoin de la reconnaissance, de l’appui et de l’affection de leur berger pour avoir une bonne stabilité mentale et en conséquence une réelle efficacité contre les prédateurs. Ils ne sont pas les remplaçants du berger mais leurs auxiliaires.


La meute du Hogan des Vents en Montagne de Lure


Par leurs aboiements de nuit et en marquant le territoire du troupeau avec leurs urines et leurs crottes, les chiens, mâles et femelles, établissent un périmètre de sécurité autour du troupeau. A l’égal des loups ils occupent un territoire et sont donc en concurrence avec eux. Ils évitent ainsi la plupart du temps toute confrontation directe avec les canidés sauvages auxquels le message est clairement destiné.

LE MONTAGNE DES PYRENEES N’EST PAS LE CHIEN DE MONSIEUR ET MADAME TOUT LE MONDE

Loin de l’image idyllique de Belle et Sébastien, le Montagne, de par son gabarit et son tempérament, demande un maître qui sache s'imposer en douceur tout en gagnant son respect. Une réelle disponibilité du maître est nécessaire pendant le premier mois de présence dans la nouvelle famille afin de garantir une bonne intégration du chiot dans la maison. Avec mes chiots je propose toujours un protocole d’éducation très détaillé et un suivi pendant les premières semaines. Je ne vends pas de chiot à des personnes qui le laisseraient seul toute la journée sauf si un deuxième chien est présent.

Le Montagne est un chien qui demande un jardin bien clos sinon il ira naturellement patrouiller dans le voisinage afin d'écarter tout danger de votre famille ... Comportement souvent interprété à tort comme une fugue ... après l'exploration de son territoire, le chien revient toujours à son domicile. Si votre chien sort de votre jardin, le problème c’est la clôture, pas le chien.

Si vous habitez en lotissement ce type de chien n’est pas pour vous. Les Montagne détectent tous les évènements inhabituels, comme le passage d'une personne inconnue, et les signalent à leur maître en aboyant. Cela peut devenir rapidement problématique avec le voisinage. De nombreux patous sont abandonnés pour cette simple raison.

Il faut aussi savoir que les chiens de protection aboient lorsque l'obscurité tombe afin de prévenir et d’éloigner les prédateurs. Pour éviter d’ennuyer les voisins, même lointains, prévoir un lieu de couchage fermé pour la nuit. Ainsi le chien ne sera pas mis en éveil par des bruits ou mouvements extérieurs qui déclencheraient systématiquement un aboiement de mise en garde.

Les chiens de protection sont caractérisés par une vive intelligence. Ils ont une réelle indépendance vis-à-vis de l’homme liée à leur fonction ancestrale de protection des troupeaux. Lorsque les circonstances l’exigent ces chiens sont capables de prendre des initiatives. Ils sont donc tout sauf le modèle du berger allemand obéissant au doigt et à l’œil. Et il ne faut surtout pas chercher à reproduire ce modèle.


Meute familiale du Hogan des Vents


Les patous travaillent toute leur vie, 24 heures sur 24, à la surveillance de leur troupeau ou - pour ce qui concerne les chiens destinés à la compagnie - à la surveillance de leur famille et de ses biens ainsi que des autres animaux familiers de la maison.

Il est tout à fait normal qu’ils affichent une certaine réserve vis-à-vis des personnes inconnues et ne souhaitent pas être touchés par ces mêmes inconnus. Il convient à leur maître de faire respecter leur intégrité en ne forçant par les caresses par des personnes étrangères.

Compte tenu de ces caractéristiques leur éducation doit donc être réduite à un minimum d’ordres car ils supportent très mal la contrainte et surtout la répétition des ordres. Ils se lassent très vite des exercices d’obéissance auxquels sont soumises les autres races dans les clubs d’éducation canine. L’excès d’entraînement va les saturer et les mettre sous pression cela pouvant engendrer des comportements déviants. Je déconseille totalement les cours d’éducation canine classiques.

La relation avec le maître repose sur un respect mutuel et une bonne connaissance de la race. Point n’est besoin de récompenses alimentaires à tout bout de champ, un regard complice et une caresse seront largement plus satisfaisants pour leur faire comprendre votre satisfaction.

Si ce n’est dans leur jeune âge, ils ne sont pas demandeurs de jeux ou autres activités car leur tempérament est calme et posé. Ils ont par contre besoin de pouvoir observer tout leur environnement.

Respect, connivence, et collaboration sont les clés d’une coopération réussie entre chiens et humains.


A l’extérieur de leur domicile et dans les lieux publics, ils doivent toujours être tenus en laisse. De façon naturelle les chiens patrouillent autour de leur maître pour rechercher d’éventuels dangers et intervenir si nécessaire.

Si quelque chose les inquiète, ils iront au contact de l’élément étranger afin de « l’étudier ». Dans ce cas précis ils ne répondront pas à l’ordre de rappel de leur maître car assurer sa protection sera leur priorité. Ce mode de fonctionnement n’est pas compatible avec le monde moderne aussi faut-il garder en permanence la maîtrise sur eux.

Les chiots ont des besoins fondamentaux qui sont des besoins de jeu, de sécurité, de soutien, d’affection et de formation par les chiens adultes.


Chiots Montagne des Pyrénées à deux semaines


Devant l’inquiétude des nouveaux propriétaires et leur réelle volonté de bien faire avec leurs chiots, je propose un protocole très détaillé pour les guider pas à pas. Ce protocole s’applique spécifiquement lors de l’arrivée d’un chiot chez des personnes qui n’ont aucune expérience du Montagne des Pyrénées.

Il est très important que les nouveaux propriétaires puissent communiquer avec une personne ressource aussi souvent que nécessaire. En cas de problème il ne faut jamais attendre … avec l’espoir que les choses s’améliorent.
Il faut intervenir rapidement dès qu’une question se pose que ce soit en termes de comportement ou en termes de santé. C’est en principe au naisseur du chiot d’assurer cette fonction d’où l’importance de bien choisir l’élevage d’origine.

EDUQUER UN MONTAGNE DES PYRENEES

Chaque fois qu’un chien de moins de deux ans fait une bêtise c’est vous qui êtes le premier responsable de l’avoir mis en situation de faire la bêtise.


Mon expérience personnelle m’a conduit depuis quelques années à ne plus placer de chiot unique sauf s’il y a déjà dans la famille un autre chien pour lui tenir compagnie ou bien si le maître est présent la plupart du temps. Je place également mes chiots à trois mois minimum afin qu’ils vivent une vraie vie de famille avec leur portée et leurs parents. Entre deux et trois mois les chiots sont très réceptifs, aventureux et ils apprennent beaucoup des chiens adultes notamment la notion de limite à ne pas dépasser et la morsure inhibée.


L’apprentissage avec les adultes


Je n’insisterai jamais assez sur le fait que les premières semaines de vie des chiots sont déterminantes pour leur bon développement et leur avenir de chiens de compagnie agréables à vivre au quotidien. Jusqu’à l’âge de deux ans, considérez votre un chien comme un chiot. Il est en plein apprentissage et n’a pas la maturité d’un chien adulte. Vous serez alors son parent et son professeur.

La recherche scientifique a démontré que plus les stimulations sont importantes dans le jeune âge, plus le cerveau est développé. Et c’est effectivement ce qui est recherché chez le chien qui doit être posé, réfléchi et capable d’initiatives pertinentes. Les chiens qui portent les gènes de la protection doivent agir en connaissance de cause et non pas réagir de façon instinctive.

Il ne faut pas attendre d'un chiot qu'il ait un comportement de chien adulte. Les chiots sont susceptibles de faire des erreurs et c'est normal. C’est au maître de les accompagner dans leur développement. Lorsqu’ils ne sont pas avec leurs maîtres, les chiots doivent pouvoir disposer d’un espace sécurisé dans lequel ils ne pourront pas faire de bêtises.

Les chiots doivent pouvoir régulièrement jouer avec leurs congénères. Cela leur permet de se décharger de leurs excédents d'énergie et de développer des relations sociales avec leurs semblables, ce qui participe à leur bon équilibre mental. Ils ont également besoin de longues périodes de repos pendant lesquelles il faut les laisser tranquilles.

En termes de maniabilité du chien beaucoup se joue pendant le premier mois de présence dans la famille. Il est particulièrement important de consolider pendant cette période la relation avec tous les membres de la famille à travers des exercices simples. Les règles de vie au sein de la famille doivent être claires pour le chiot et tous les membres de la famille. Ce qui sera autorisé au jeune chien le sera aussi plus tard au chien adulte. Autoriser un jour, autoriser toujours. Par exemple c’est à vous de décider si votre chien pourra monter ou pas sur le canapé et à faire respecter ce choix à tous les membres de la famille. Un chien dominant cela n’existe pas, c’est juste un chien mal éduqué et mal dans sa peau. Le mythe de la dominance, issu d’observations erronées sur des loups en captivité, n’a pas de réalité.

A l’arrivée du chiot la priorité est de créer un lien de confiance et d’amour avec lui. Vous devenez ce jour-là à la fois son parent et son professeur.

Exercice de la conduite en laisse avec GABAS et GALADRIELLE du Hogan des Vents


Voici les cinq exercices à réaliser avec le chiot afin d’avoir un chien agréable à vivre au quotidien :


Exercice 1 : Accepter les manipulations corporelles

Ces manipulations ont pour but de désensibiliser les chiots afin de les rendre facilement manipulables en cas de besoin, une blessure à examiner par exemple ou le contrôle des chaleurs chez une chienne.

Le chiot sera pris dans les bras ou posé en hauteur. Ensuite vous allez serrer chacune des extrémités de ses quatre pattes de façon à lui faire sentir une pression. Mettre un doigt dans chaque oreille. Toucher le bout du museau. Ouvrir la gueule en grand (très utile le jour où vous aurez un cachet à faire avaler à votre chien). Tapoter sur toute la longueur du dos et étirer légèrement la queue, la soulever, et introduire pendant cinq secondes un thermomètre dans l’anus. Tapoter le dessous du ventre et toucher les organes génitaux.

Ces manipulations seront réalisées pendant les deux premières semaines, une fois le matin et une fois le soir, par les personnes que les chiots auront à fréquenter très régulièrement.


Exercice 2 : Apprendre à marche à la laisse

La marche en laisse s’apprend en deux étapes. Pendant la première semaine vous laisserez le chiot se promener avec la laisse simplement attachée au collier. Elle trainera donc derrière lui. La deuxième semaine vous commencerez à diriger le chiot en laisse.

Chaque séance d’apprentissage durera 5 à 10 minutes. A la fin des séances on retire bien évidemment la laisse pour que le chiot ne risque pas de se coincer quelque part. Vous ferez au maximum deux séances par jour afin de ne pas lasser vos chiots.

Une fois que les chiots savent marcher en laisse, vous pouvez profiter de l’exercice pour leur faire découvrir de nouveaux lieux. C’est aussi une façon de créer le lien entre vous.


Exercice 3 : Accepter d’être mis à l’attache

Quand les chiots ont appris la contrainte de la laisse il faut leur apprendre à rester à l’attache. Ceci est un exercice d’éducation et pas une punition. Il inculque au chiot la notion de limite à respecter. Cet exercice est particulièrement important pour les personnes qui manquent d’autorité et qui risquent d’être vite dépassées par le comportement aventureux de leur chiot.

Cela s’enseigne de façon progressive en utilisant une chaine de trois mètres au moins et en fixant un tourillon au collier de façon à éviter que la chaine ne s’entortille. Vous commencerez par 5 minutes à l’attache en restant avec lui pour le rassurer. Dans les séances suivantes vous augmenterez progressivement la durée d’attache à 10, 15, 20, 30, 40, 50 et 60 minutes. Lorsque les chiots peuvent rester une heure à l’attache en restant tranquilles, l’exercice est acquis.

Il est toujours utile de pouvoir mettre ses chiens en sécurité, par exemple si vous devez laisser entrer chez vous des étrangers pour faire des travaux.

L’attache ne doit pas être comprise par le chien comme une punition. Il faut toujours les chaleureusement les féliciter de leur bon comportement dans l’exercice demandé.

ATTENTION au lieu de l’attache. Les chiots ne doivent pas risquer de se retrouve pendus en voulant franchir un obstacle ou en escaladant une barrière. Le plus pratique est un anneau fixé dans un mur auquel vous pourrez accrocher la chaîne. Il faudra dégager tout obstacle du périmètre dans lequel les chiots attachés vont évoluer. Veillez aussi au fait que le chien ne se retrouve pas en plein soleil sans possibilité de se mettre à l’ombre.


Exercice 4 : Monter et descendre de voiture

Il est utile que les chiens puissent être déplacés en voiture, ne serait-ce que pour aller au cabinet vétérinaire en cas de besoin. Quand ils sont encore petits, il faudra les porter pour les monter et les descendre de la voiture afin d’éviter qu’ils ne se blessent.
Leur apprendre un ordre pour monter et un ordre pour descendre. Ce dernier ordre indiquera au chien qu’il ne doit descendre qu’après l’avoir entendu et pas simplement lorsque la portière s’ouvre.


Exercice 5 : Découvrir le monde extérieur
 
Pour le bon développement mental et émotionnel de vos chiots ils doivent absolument découvrir dès leur arrivée des situations variées dans des milieux différents en dehors de la maison. Je vous encourage en particulier à leur faire découvrir le milieu urbain avec ses parking goudronnés, ses routes, ses feux rouges, tous les bruits de la ville et ses habitants divers et variés.

Ces exercices seront ici encore limités à 5-10 minutes selon la maturité des chiots. Au départ vous ouvrirez simplement votre véhicule afin que le chiot puisse examiner le nouveau lieu, un parking par exemple, depuis un endroit dans lequel il se sentira en sécurité (la voiture) et avec vos encouragements. Ensuite vous le poserez simplement au sol dans le même objectif. Enfin vous commencerez à le promener sur quelques mètres puis quelques dizaines de mètres en fonction de son évolution.

Lorsque les chiots sont capables de se promener en laisse dans un lieu urbain fréquenté sans éprouver de crainte, l’exercice est acquis.

Evitez que tous les passants ne viennent tripoter votre chiot sous prétexte qu’il ressemble à un petit nounours. Son intégrité doit être préservée et le contact avec les étrangers doit rester sous votre contrôle.

ALIMENTATION DES CHIOTS

Tous mes chiots et mes chiens sont nourris matin et soir, et à volonté afin d’éviter de créer des compétitions et tensions inutiles au moment du nourrissage. Après chaque repas il doit rester des croquettes dans les gamelles. Les chiots et les chiens adultes mangent ensemble.

ATTENTION la gestion des l’alimentation par le maître est la première cause de problèmes comportementaux chez le chien.

Les chiots Montagne doivent réaliser des croissances modérées. Ils ne sont pleinement adultes qu’à l’âge de quatre ans pour les femelles et cinq ans pour les mâles. Il est très important d’utiliser un aliment de type 25 % de protéines et 15 % de matières grasses à distribuer en deux repas par jour.


Ne surtout pas utiliser des croquettes spéciales CHIOTS DE GRANDE RACE comme du Giant Puppy.


Ne donnez aucune complémentation en calcium mais vous pouvez par contre enrichir régulièrement les croquettes avec des oligoéléments qui participent activement à la construction de l’immunité et donc de la santé.


GIULIA du Hogan des Vents et ses chiots


Les chiots adorent ronger les os crus. N’hésitez pas à leur en donner régulièrement. Ne jamais donner des os cuits car les chiens ne sont pas capables de les digérer.

La méthode que je conseille a largement fait ses preuves depuis de nombreuses années. Les chiots deviennent des chiens équilibrés et sereins. Et la relation avec la famille est très agréable à vivre au quotidien.

EN CONCLUSION

Les patous accomplissent chaque jour des prouesses en protégeant avec discernement leurs troupeaux et leurs familles, parfois au péril de leur vie. Les observer est pour moi une source d’émerveillement permanent. Et aussi un enseignement que j’essaie de transmettre afin que chiens de protection et chiens de famille vivent dans la complicité et l’harmonie avec leurs gardiens.

Avoir un Montagne des Pyrénées dans sa vie est un privilège et une source de joies immenses. L’expérience vaut vraiment la peine d’être vécue si votre environnement convient à ce seigneur de la montagne.

BOUGNETTE du Hogan des Vents, la fondatrice de la lignée de l’élevage




© Dr Mathieu Mauriès 2022