Mes chiens ont des puces


Mes chiens ont des puces & même des tiques et cela ne me pose aucun problème. Depuis plus de 20 ans, ils sont issus d’une sélection sur la rusticité (1) (2) ... Je ne suis pas en guerre avec la Nature, je coopère avec elle. Je m’explique, lorsque des chiens sont élevés dans une camisole chimique toute leur vie (antiparasitaires internes et externes, appliqués plusieurs fois par an, et vaccination annuelle systématique) ce processus sélectionne des chiens qui ne sont plus capables de vivre sans ces béquilles artificielles. Adiou l’immunité naturelle. Par ailleurs mes chiens, petits et grands, ne sont jamais ni lavés ni brossés. Ceci dit aucun n'est stérilisé ce qui est un point important relativement à la qualité et à l’entretien de leur fourrure.

Je me souviens d’une formation en TTouch à laquelle je participais en Suisse. J’étais venu avec ma petite Bouledogue Théophanie, sur la fin de sa vie, pour avoir un moment privilégié avec elle toute seule. J’ai déclenché une véritable crise d’hystérie collective chez les 30 participantes parce que l’une d’entre elles avait vu UNE puce sur ma chienne !!!! J’ai vraiment eu l’impression d’avoir commis un crime de lèse majesté au pays des chiens aseptisés et j’ai échappé de peu à un bain d’huile bouillante.



THEOPHANIE l’objet du délit & son délinquant préféré


Il y a un peu plus de 15 ans j’ai pris le contre pied de cette façon d’élever les chiens. Je coopère donc avec la Nature ... jusqu’à un certain degré.

Je sais rester raisonnable pour le bien être des animaux. Lorsque cela s’impose je peux recourir ponctuellement à la chimie mais cela reste néanmoins exceptionnel. Ce fut par exemple le cas il y a de nombreuses années quand j’ai dû faire face à une monstrueuse invasion de puces dans les Alpes. J’avais des puces sur tous les chiens qui se grattaient au sang mais aussi partout dans ma maison et jusque dans mon lit ! J’ai perdu plusieurs portées de chiots littéralement dévorés par les puces. Après avoir tenté plusieurs approches naturelles qui se sont révélées très insuffisantes en termes de résultats, j’ai donné du Bravecto – pourtant si décrié – à tous mes chiens. En 24 heures le problème a été réglé sans conséquences négatives à ce jour pour ma grande meute.

Lorsque mes chiots quittent la ferme, ils sont envahis par le stress en raison de la séparation d’avec leur mère, leur fratrie, leur naisseur et un environnement dont ils sont familiers depuis leur naissance. Ils doivent aussi s’adapter à un nouveau lieu, de nouvelles personnes, un nouveau troupeau et de nouveaux chiens. Cet énorme bouleversement provoque une baisse d’immunité dont tous les parasites internes et externes vont profiter pour se multiplier à toute vitesse. Bien sûr les nouveaux propriétaires sont pour la plupart choqués de cet état de fait et j’essaie de leur expliquer au moment où ils récupèrent leurs chiots le processus qui va se mettre en place lorsque les chiots vont arriver dans leur nouvelle ferme. Si les personnes n’interviennent pas, les chiots reprennent le contrôle de leur parasitisme en une quinzaine de jours.


 

HILLI du Hogan des Vents


Mon approche n’a rien de classique. Je ne veux clairement pas aseptiser mes chiens à grands coups de molécules chimiques. Il faut qu’ils apprennent à se défendre contre les parasites comme le font d’ailleurs tous les canidés sauvages. C’est l’un des objets de ma sélection. Génération après génération mes chiens développent une vraie tolérance aux parasites, mes autres animaux également puisque eux aussi ne reçoivent ni vaccin ni antiparasitaire.

Imaginez-vous que les loups, les renards et les chacals dorés ont un distributeur de Bravecto ou de Nexgard dans la forêt ? Bien sûr que non. Ils vivent avec leurs parasites ... comme mes chiens.

Pour dire toute la vérité, j’administre chaque mois un petit traitement homéopathique à tous les animaux de la ferme (chiens, moutons, chèvres, vaches, ânes, volailles) qui visiblement les aide à contrôler le parasitisme puisque je n’utilise aucun traitement chimique depuis plus de 15 ans sur tous mes troupeaux (Cf. mon ouvrage Le Montagne des Pyrénées, chien de protection des troupeaux – 2023 – chapitre santé, page 477). Même si cette action n’est pas reconnue, y compris par mes vétérinaires homéopathes ( !), elle n’agit pas au sens allopathique du terme. C’est-à-dire que ce traitement homéopathique ne détruit pas les parasites mais visiblement il empêche leur prolifération sur les animaux. Mes chiens arrivent donc à gérer cette infestation de basse intensité sans que cela leur soit nuisible. Depuis longtemps je ne vois plus mes chiens se gratter jusqu’au sang à cause des puces. Concernant les tiques et en raison de la présence de la piroplasmose sur mon territoire, je suis très vigilant pour les chiots. Par contre depuis bientôt 7 ans que je vis en Haute-Garonne, je n’ai plus eu de problèmes sur mes chiens adultes qui semblent avoir développé une immunité naturelle.


ESTAT & FAAL du Hogan des Vents

Cependant la limite à cette stratégie, sans chimie ou presque, apparaît clairement chez mes Bouledogue français. Cette race de chien est en effet totalement sinistrée par une sélection catastrophique depuis plus d’un siècle aboutissant à des chiens hypertypés et complètement maladifs. C’est un vrai challenge de remonter la pente ! Si j’ai fait des progrès notables sur l’aptitude à la reproduction de mes Bouledogue français (saillies et mises bas naturelles) il y a encore des progrès à faire sur leur immunité pour améliorer le contrôle biologique de leurs parasites externes.

Chez tous mes chiens adultes, je n’utilise plus aucun vermifuge. Lorsque cela me semble nécessaire certaines portées de chiots reçoivent un traitement unique (au lieu de vermifuges préconisés tous les 15 jours). C’est quand même une réduction importante. La plupart de mes portées ne reçoivent aucun vermifuge.

Pour mes Bouledogue français adultes, c’est avec les puces que le problème reste présent. Je suis obligé de traiter chimiquement une à deux fois par an selon les années. J’ai espoir de réduire cette fréquence dans mes nouvelles générations. Comme tout travail de sélection il se fera au long cours. Il ne faut pas être pressé.


TESSA du Hogan des Vents
 

(1) MAURIES Mathieu, 2023. Programme de sélection du Montagne des Pyrénées A l’Elevage du Hogan des Vents in « Le Montagne des Pyrénées – Chien de protection de troupeaux » Avenir édition. 307-315.

(1) MAURIES Mathieu, 2022. Programme de sélection du Bouledogue français à l’Elevage du Hogan des Vents in site Internet hogandesvents.nutritionverte.com



© Dr Mathieu Mauriès 2024