Protocole d’éducationChiots Montagne des Pyrénées & Chiots Kangaldestinés à la compagnieGUIDE 2024 du débutant - Méthode Hogan des Vents
Ce protocole d’éducation s’applique aussi bien aux chiots Montagne des Pyrénées qu’aux chiots Kangal / Berger d’Anatolie et les croisements entre ces deux races.
Le Montagne des Pyrénées ou « Patou » et le Kangal ne sont pas le chien de Monsieur et Madame tout le monde
De par son gabarit et son tempérament, il demande un maître qui sache s'imposer en douceur tout en gagnant le respect de son chien. Cela est particulièrement vrai dans le cas des mâles. Une réelle disponibilité du maître est nécessaire pendant le premier mois de présence dans la famille afin de garantir une bonne intégration du chiot dans la maison.
C'est également un chien qui demande un jardin bien clos sinon il ira naturellement patrouiller dans le voisinage afin d'écarter tout danger de votre famille ... Comportement souvent interprété à tort comme une fugue ... après l'exploration de son territoire, le chien revient toujours à son domicile.
Si vous habitez en lotissement, ce type de chien n'est pas pour vous. Les Montagne et les Kangal détectent tous les évènements inhabituels, comme le passage d'une personne inconnue, et les signalent à leur maître en aboyant. Cela peut devenir rapidement problématique et de nombreux chiens sont abandonnés pour cette simple raison.
Il faut aussi savoir que les chiens de protection aboient lorsque l'obscurité tombe afin de prévenir et d’éloigner les prédateurs. Pour éviter d’ennuyer le voisinage, prévoir un lieu de couchage fermé pour la nuit. Ainsi le chien ne sera pas mis en éveil par des bruits ou mouvements extérieurs qui déclencheraient systématiquement un aboiement de mise en garde.
Les chiens de protection (Montagne des Pyrénées, Berger d’Anatolie ou Kangal, Mâtin Espagnol, Dogue du Tibet) sont caractérisés par une vive intelligence. Ils ont une réelle indépendance vis-à-vis de l’homme liée à leur fonction ancestrale de protection des troupeaux. Lorsque les circonstances l’exigent ces chiens sont capables de prendre des initiatives. Ils sont donc tout sauf le modèle du berger allemand obéissant au doigt et à l’œil. Et il ne faut surtout pas chercher à reproduire ce modèle.
Les patous et les Kangal travaillent toute leur vie et 24 heures sur 24 à la surveillance de leur troupeau ou - pour ce qui concerne les chiens destinés à la compagnie - à la surveillance de leur famille et de ses biens ainsi que des autres animaux familiers de la maison.
Ils doivent bien sûr être sociables et agréables avec les proches de la famille et leurs congénères. Il est tout à fait normal qu’ils affichent une certaine réserve vis-à-vis des personnes inconnues et ne souhaitent pas être touchés par ces mêmes inconnus. Cela demande un minimum d’éducation des chiens mais aussi des humains.
Compte tenu des caractéristiques des races de chiens de protection leur éducation doit donc être réduite à un minimum d’ordres car ils supportent très mal la contrainte et surtout la répétition des ordres.
Ils se lassent très vite des exercices d’obéissance auxquels sont soumises les autres races dans les clubs d’éducation canine. L’excès d’entraînement va donc les saturer et les mettre sous pression cela pouvant engendrer des comportements déviants et agressifs. Je déconseille totalement les cours d’éducation canine classiques.
Les chiens de protection ne sont pas des chiens dont on achète le bon vouloir à coups de friandises. La relation avec le maître repose plus sur un respect mutuel et une bonne connaissance de la race. Point n’est besoin de récompenses alimentaires à tout bout de champ, un regard complice et une caresse seront largement plus satisfaisants pour leur faire comprendre votre satisfaction.
Il faut aussi savoir respecter leur intégrité. Si ce n’est dans leur jeune âge, ils ne sont pas demandeurs de jeux ou autres activités car leur tempérament est calme et posé. Ils ont par contre besoin de pouvoir observer tout leur environnement.
Respect, connivence, et collaboration sont les clés d’une coopération réussie entre chiens et humains.
A l’extérieur de leur domicile et dans les lieux publics, ils doivent toujours être tenus en laisse. De façon naturelle les chiens issus de lignées de protection patrouillent autour de leur maître pour rechercher d’éventuels dangers et intervenir si nécessaire.
Si quelque chose les inquiète, ils iront au contact de l’élément étranger afin de « l’étudier ». Dans ce cas précis ils ne répondront pas à l’ordre de rappel de leur maître car assurer sa protection sera leur priorité. Ce mode de fonctionnement n’est pas compatible avec le monde moderne aussi faut-il garder en permanence la maîtrise sur eux.
Mieux vaut prévenir que guérir.
Les chiots ont des besoins fondamentaux qui sont des besoins de jeu, de sécurité, de soutien, d’affection et de formation par les chiens adultes.
Les chiots apprennent en imitant les chiens adultes d’où l’intérêt d’avoir si possible des adultes compétents et bien éduqués pour les former. Attention cependant, un chiot peut aussi apprendre tout un tas de mauvais comportements de la part d’un chien adulte mal éduqué.
Devant l’inquiétude des nouveaux propriétaires et leur réelle volonté de bien faire avec leurs chiots, j’ai décidé de vous proposer un protocole très détaillé pour vous guider pas à pas. Ce protocole s’applique spécifiquement lors de l’arrivée d’un chiot chez des personnes qui n’ont aucune expérience des Chiens Montagne des Pyrénées ou des Kangal.
Il est très important que les nouveaux propriétaires puissent communiquer avec une personne ressource aussi souvent que nécessaire. Il ne faut jamais attendre … avec l’espoir que les choses s’améliorent. Il faut intervenir rapidement dès qu’une question se pose que ce soit en termes de comportement ou en termes de santé. C’est en principe au naisseur du chiot d’assurer cette fonction d’où l’importance de bien choisir l’élevage d’origine.
Je vous recommande particulièrement ce cours exposé
Émotions et activité chez le chien par Joël Dehasse, vétérinaire comportementaliste
Lectures indispensables AVANT l’arrivée de votre chiot à la maison
L'accueil d'un nouveau compagnon demande un effort afin que le chiot se transforme sereinement en chien heureux et équilibré. Il est particulièrement important de connaître et de respecter ses besoins. Ces trois ouvrages vous aideront à mieux appréhender l’arrivée de votre chiot et à avoir les bonnes réactions en réponse à ses comportements.
Rappels essentiels
Avant d’adopter un Montagne des Pyrénées, il est nécessaire de comprendre les fondamentaux historiques des chiens de protection :
- De tout temps les chiens de protection n’ont jamais travaillé seuls, ils travaillent en meute avec d’autres chiens de protection.
- S’il n’a pas été sélectionné pour être agressif envers l’humain, il n’en reste pas moins que c’est un chien très puissant du fait de son rôle de protecteur de troupeaux car il doit être capable de faire face à l’ours et au loup.
- Les chiens de protection n’ont jamais été laissés seuls au troupeau sans présence humaine ; ils travaillent en partenariat avec leurs humains. Ils ne sont pas les remplaçants des bergers, ils sont leurs partenaires de travail. Cependant ils ne répondent pas ou peu aux ordres. Ce fonctionnement du chien demande un lâcher prise qui reste très difficile à acquérir pour la plupart des personnes.
- Les chiens de protection apprennent leur métier dans leurs trois premières années en imitant le comportement des adultes. Cette génétique particulière est sélectionnée depuis des siècles au contact des grands prédateurs.
- Les fréquents croisements entre chiens de protection et chiens de conduite, typiquement « patou x Border collie » sont totalement à proscrire. Les chiots issus de ces accouplements, la plupart du temps accidentels, sont porteurs de deux instincts totalement opposés, celui de la prédation et celui de la protection. De ce fait leurs comportements sont imprévisibles et leur gestion délicate.
- Les chiens de protection protègent simultanément un troupeau et un territoire. Ils savent très bien se répartir géographiquement sur la zone à protéger. Evidemment ils doivent être assez nombreux. Certains restent dans le troupeau et ses alentours immédiats alors que d’autres patrouillent plus loin des animaux afin de marquer le territoire, de détecter le danger et de bloquer les prédateurs en approche. En aucun cas ces chiens n’ont été sélectionnés pour tuer les prédateurs. L’agressivité ne fait pas partie des qualités recherchées chez un chien de protection, par contre le chien doit posséder un très fort mental pour faire face aux prédateurs.
- Les chiens ont des rapports d’affection entre eux et avec les animaux qu’ils protègent. Ils se connaissent et se reconnaissent. Ces relations doivent être absolument préservées et ne peuvent pas être modifiées à tout bout de champ lors de changements de lots ou en séparant les individus de la meute.
Depuis des siècles les chiens de protection travaillent en meute.
Le patou, chien de compagnie
Il faut bien réaliser que le chien de protection devenu chien de compagnie va conserver ces caractéristiques inscrites dans son patrimoine génétique. Ainsi sachez que :
Le Montagne des Pyrénées n’est pas fugueur comme je l’entends dire trop souvent. C’est un patrouilleur né qui parcoure tous les jours son territoire afin de détecter l’éventuelle présence de prédateurs. Il en profite aussi pour marquer ce territoire avec ses crottes et ses urines afin de se signaler aux prédateurs de passage. Dans notre monde moderne il est nécessaire que ce territoire soit délimité par une bonne clôture et que le chien dispose de suffisamment d’espace. Si votre chien sort de la clôture, le problème ce n’est pas le chien, le problème c’est la clôture.
Compte tenu de cet instinct de patrouilleur je déconseille totalement, pour ce type de chien, les promenades en totale liberté. Vous pourrez avoir l’illusion de contrôler le chiot pendant un certain temps, mais vous ne pourrez pas contrôler le chien adulte. L’utilisation de la longe est une bonne alternative permettant d’assurer la sécurité du chien tout en lui laissant la possibilité d’explorer sous le contrôle de son humain.
Le Montagne n’est pas fait pour rester tout seul au fond d’un jardin. Il a besoin de vivre avec d’autres chiens, ou si ce n’est pas le cas, d’avoir un gardien présent la plupart du temps. Lui confier la protection de quelques animaux lui apportera un meilleur équilibre car un chien de protection travaille toute sa vie, 24 heures sur 24, même s’il est chien de compagnie.
Le Montagne n’est pas inutilement aboyeur. C’est un chien de protection. L’aboiement est une caractéristique présente chez toutes les races de chiens de protection. L’aboiement est le premier rempart face aux prédateurs (ou aux personnes mal intentionnées). Il signale la présence des chiens et suffit la plupart du temps à repousser les intrus. Dans mon élevage je sélectionne le contrôle de l’aboiement depuis de nombreuses années comme tous les autres critères physiques fonctionnels qui font le chien de protection. Ce n’est malheureusement pas le cas chez tous les éleveurs de chiens Montagne. Hors cette caractéristique est très importante pour les chiens de compagnie. Un chien qui aboie à longueur de temps a de grandes chances de finir à la SPA suite aux plaintes des voisins. C’est sans conteste la première cause d’abandon des Montagne des Pyrénées en refuge.
Les Montagne des Pyrénées aboient naturellement à la tombée de la nuit pour signaler leur présence aux prédateurs. Il ne faut pas les punir pour ce comportement tout à fait normal.
Le Montagne n’est pas têtu. Il est indépendant et intelligent, capable de prendre des initiatives en dehors de la présence de son maître. Il ne répond que très peu aux ordres de l’humain.
Le Montagne ne demande pas une éducation très ferme. C’est même exactement le contraire dont il a besoin pour se construire de façon équilibrée et harmonieuse. Il fonctionne au respect et à l’amour qui lui sont accordés par son humain. Dans ce cas il peut obéir pour vous faire plaisir. Cependant s’il sent un danger, sa priorité sera de vous protéger. Il ne répondra plus à vos ordres (notamment le rappel).
Pour vivre avec un Montagne des Pyrénées il faut le comprendre. Les cours d’éducation type école du chiot ne conviennent pas du tout à un chiot Montagne. Il faut bien dire que la plupart des éducateurs canins ne connaissent pas les particularités des chiens de protection. La répétition des ordres lasse les chiens et les met sous pression. Par contre le chiot doit pouvoir jouer aussi souvent que possible avec d’autres chiots et d’autres chiens s’il est le seul chien de la famille. Le jeu est essentiel à l’apprentissage et au bon équilibre des chiots. Je ne place jamais de chiot dans une famille qui le laisserait seul toute la journée car c’est pour moi de la maltraitance. Dans ce type de situation la présence d’un deuxième chien qui tiendra compagnie au chiot et participera à son éducation est un impératif.
J’ai développé au cours de ces 20 dernières années des protocoles d’éducation spécifiques pour les Montagne au travail et pour les Montagne à la compagnie. Ils sont consultables sur mon site et dans mon dernier ouvrage « Le Montagne des Pyrénées – Chien de protection de troupeaux » disponible sur mon site en cliquant ICI.
Il vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement de vos patous afin de leur offrir une vie épanouissante et bien remplie. Du chiot nouveau né au vieux chien vous découvrirez comment prendre bien soin de vos compagnons.
Le Montagne des Pyrénées de compagnie connaît et reconnaît sa famille au sens large du terme. Elle inclut ses humains et leurs animaux domestiques. Il est méfiant envers les personnes étrangères et ne se laisse pas manipuler par elles. Le contact avec ces chiens ne doit jamais être forcé par des inconnus, adultes ou enfants. Votre chien, ou votre chiot tout mignon, n’a pas à être touché ou caressé ou manipulé par toutes les personnes que vous croisez dans la rue ou qui vous rendent visite. Ce privilège revient uniquement aux propriétaires et à leurs enfants.
Lorsque vous recevez des visiteurs le Montagne va les considérer comme de potentiels dangers. Souvent il va naturellement s’interposer entre vous et les personnes étrangères. Il ne relâchera pas sa surveillance pendant tout le temps de la visite et sera prêt à intervenir dans la seconde. Il faut en être bien conscient.
Le Montagne n’est pas un chien de garde. C’est un chien de protection. Ces deux fonctions sont très différentes. Il ne faut pas les confondre. Un Montagne des Pyrénées protège du vivant avec lequel il a des interactions positives et amicales. Il n’est pas agressif envers les humains qui savent rester à leur place.
Les chiens de garde comme les Malinois – anciens chiens de berger dévoyés par l’humain – protègent des bâtiments, un lieu, ou sont utilisés comme des armes. Ils sont totalement sous le contrôle de l’humain. C’est très différent du Montagne qui demande au connaisseur de la race un lâcher prise total et une relation basée sur une confiance réciproque.
Le Montagne des Pyrénées restera toute sa vie un chien de travail, même au sein d’une famille. Il faut lui offrir – pour son bien être – la possibilité d’exercer son talent car il a besoin de se sentir utile et de protéger des êtres vivants. Dès qu’il en aura l’occasion un patou se placera en hauteur de façon à pouvoir observer tout son environnement. Quelques poules, 3-4 moutons ou chèvres, des chevaux, peuvent participer de façon très efficace à son épanouissement, et par là même à la qualité de la relation que vous développerez avec lui.
Il est évident que la place d’un Montagne des Pyrénées n’est pas en ville, ni en lotissement, sauf situations très particulières.
Vivre avec un Montagne des Pyrénées est un privilège et sera un grand bonheur à la condition de lui offrir un environnement adapté à ses besoins.
Protocole d’éducation d’un chiot Montagne des Pyrénées ou Kangal
Chaque fois qu’un chien de moins de deux ans fait une bêtise,
c’est vous qui êtes le premier responsable de l’avoir mis en situation de faire la bêtise.
Mon expérience personnelle m’a conduit depuis quelques années à ne plus placer de chiot unique sauf s’il y a déjà dans la famille un autre chien pour lui tenir compagnie ou bien si le maître est présent la plupart du temps. Je place également mes chiots à trois mois minimum afin qu’ils vivent une vraie vie de famille avec leur portée et leurs parents. Entre deux et trois mois les chiots sont très réceptifs, aventureux et ils apprennent beaucoup des chiens adultes notamment la notion de limite à ne pas dépasser.
Je n’insisterai jamais assez sur le fait que les premières semaines de vie des chiots sont déterminantes pour leur bon développement et leur avenir de chiens de compagnie agréables à vivre au quotidien.
Les neurosciences nous enseignent que le cerveau du chien mature dans l’expérimentation sereine de l’environnement. Un chien stressé n’apprend rien. La recherche scientifique a démontré que plus les stimulations sont importantes dans le jeune âge, plus le cerveau est développé. Et c’est effectivement ce qui est recherché chez le chien qui doit être posé, réfléchi et capable d’initiatives pertinentes. Les chiens qui portent les gènes de la protection doivent analyser les situations afin d’agir en connaissance de cause et non pas réagir de façon instinctive.
Il ne faut pas attendre d'un chiot qu'il ait un comportement de chien adulte. Les chiens ont besoin d’acquérir une certaine maturité et tous ne vont pas se développer au même rythme. Ils sont susceptibles de faire des erreurs et c'est normal. C’est au maître de les accompagner dans leur développement. Lorsqu’ils ne sont pas avec leurs maîtres, les chiots doivent pouvoir disposer d’un lieu sécurisé dans lequel ils ne pourront pas faire de bêtises. Un Montagne des Pyrénées ou un Kangal ne peut pas être considéré comme adulte avant l’âge de trois ans.
Les chiots doivent pouvoir régulièrement jouer avec leurs congénères. Cela leur permet de se décharger de leurs excédents d'énergie et de développer des relations sociales avec leurs semblables, ce qui participe à leur bon équilibre mental. Ils ont également besoin de longues périodes de repos pendant lesquelles il faut les laisser tranquilles.
En termes de maniabilité du chien beaucoup se joue pendant le premier mois de présence dans la famille. Il est particulièrement important de consolider pendant cette période la relation avec tous les membres de la famille à travers des exercices simples. Les règles de vie au sein de la famille doivent être claires pour le chiot. Ce qui sera autorisé au jeune chien le sera aussi plus tard au chien adulte. Par exemple c’est à vous de décider si votre chien pourra monter ou pas sur le canapé et à faire respecter ce choix à tous les membres de la famille. Un chien dominant cela n’existe pas, c’est juste un chien mal éduqué et mal dans sa peau. Le mythe de la dominance n’est qu’un mythe et il n’a pas de réalité.
Liste des exercices de travail à réaliser avec le chiot nouvellement arrivé dans la famille
Durant les premières semaines ces exercices sont à réaliser par les membres de la famille et les proches.
Economiser quelques heures sur le temps d’éducation des chiots,
c’est se garantir des mois voire des années de problèmes avec ses chiens. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Les Montagne des Pyrénées sont les champions de l’évasion. Il faut donc pouvoir les contenir en sécurité dans votre propriété. Quand la clôture est de bonne qualité les chiens ne peuvent pas en sortir c’est aussi simple que cela. Si votre chien réussit à sortir de l’enclos, c’est la clôture le problème, pas le chien.
Règles de base
- A son départ de l’élevage, faites voyager le chiot prés de vous et dans de bonnes conditions. C’est le premier contact qu’il va avoir avec vous et il doit être bon. A son arrivée à la maison lui mettre un collier avec une médaille portant votre numéro de téléphone.
- A son arrivée le chiot doit disposer d’un endroit qui lui sera réservé et où il sera en sécurité avec ses croquettes et une gamelle d’eau. L’important est qu’il ne puisse pas s’en échapper. Un cabanon de jardin convient tout à fait ou une pièce qui lui sera dédiée et dans laquelle il ne pourra pas faire de dégâts. Ce sera son lieu de repos et de couchage. Il sera interdit aux enfants. Cet endroit doit être propre, confortable, au sec et bien aéré. Ce type de chien n’a pas besoin de chauffage même en hiver. Montagne ou Kangal n’iront pas dormir dans une niche.
- Interdire absolument aux chiots de mordre les humains et même de mordiller. Le chiot découvre le monde avec les dents, il est impératif de poser dès son arrivée les bonnes limites.
ATTENTION Un chiot Montagne ou Kangal n’est pas un jouet pour les enfants, c’est un compagnon de vie. Les enfants ne doivent pas jouer avec le chiot et l’exciter inutilement. Par contre ils doivent participer à son éducation et à tous les exercices de ce protocole.
Lorsqu’on déclenche du jeu et de l’excitation chez un chiot Montagne ou Kangal on l’incite à mordre. C’est ce qui se passe quand les chiots d’une même portée s’amusent entre eux. Ils se mordent et c’est normal car ils apprennent à gérer la morsure. Ce qui n’est pas normal c’est d’autoriser le chiot à penser que l’enfant est l’équivalent d’un autre chiot. Les jeux où le chiot est incité à mordre et à tirer sur une corde ou un linge sont strictement interdits.
Il est par contre très important de donner au chiot l’occasion de jouer avec d’autres chiots et chiens, aussi souvent que possible. - Interdire aux chiots de sauter sur les gens. Ils doivent toujours avoir quatre pattes au sol.
- Travailler le rappel à la voix sur un ordre précis de votre part et toujours le même, par exemple « SON NOM viens ici s’il-te-plaît ». Vous pouvez commencer en vous tenant très proche des chiots et puis augmenter la distance. Toujours féliciter chaleureusement les chiots quand ils exécutent l’ordre. J’explique dans mon livre sur le Montagne des Pyrénées tout l’intérêt du « s’il-te-plaît ».
- Apprendre aux chiots à cesser d'aboyer sur un ordre précis de votre part et toujours le même, par exemple « SON NOM veux-tu bien te taire s’il-te-plaît ». Les chiots doivent se taire une fois que vous avez identifié la raison pour laquelle ils aboient. Toujours féliciter chaleureusement les chiots quand ils exécutent l’ordre.
- Prévoir des bouts de bois et des gros os crus (jamais d’os cuit à un chien) afin que les chiots s’amusent et leur interdire tout autre objet pour le jeu notamment des chaussures.
- Pas d’exercice violent ou soutenu avant l’âge de 2 ans sous peine de « casser » les chiens. La croissance de ces grands chiens est lente, elle se termine vers 4/5 ans. Il faut la préserver pendant la phase de croissance importante qui a lieu les deux premières années. Les chiens effectuent d’abord une croissance en hauteur avant de s’étoffer les années suivantes. C’est la tête qui se terminera en dernier.
- Utiliser le grognement ou le « non » pour tout ce qui est interdit. Les chiots élevés dans une meute, et déjà cadrés par des chiens adultes, répondent très bien au grognement.
Pendant les exercices qui suivent, les chiots doivent être encouragés et chaleureusement félicités. Il faut les encourager lorsqu’ils font bien et ne pas les gronder s’ils commettent des erreurs. Ils sont en apprentissage et il est normal qu’ils commettent des erreurs.
Tous les exercices que je propose sont à réaliser en douceur et sans brutalité. Comme déjà dit mais j’insiste sur ce fait, l’histoire de la dominance est totalement dépassée. Vous n’avez pas à dominer ou à contraindre vos chiots et vos chiens pour leur montrer que vous êtes le chef. C’est par le respect que vous deviendrez leur leader ce qui est tout à fait différent et bien plus plaisant je peux vous le garantir.
Si pour une raison ou une autre vous êtes tendu ou énervé ou anxieux, il vaudra mieux reporter la séance d’éducation au lendemain. Si vous êtes stressé cela se transmettra au chiot, et un chien stressé ne peut rien apprendre.
A l’arrivée du chiot la priorité est de créer un lien de confiance et d’amour avec lui.
Vous trouverez en ANNEXES de ce texte une proposition de calendrier d’exercices établi jour par jour, et une fiche de suivi du chiot, pour les quatre premières semaines suivant l’arrivée du chiot à la maison. Ce calendrier permet de mettre en place une progression dans la complexité des exercices. Il doit être adapté à l’environnement et aux contraintes propres à chaque famille. Il vous donne une ligne directrice que vous pourrez modifier à votre convenance.
ATTENTION seuls les membres de la famille proche (5 personnes maximum) seront autorisés à manipuler et éduquer le chiot. Avec les étrangers il est normal que le chiot affiche de la réserve. Il ne faut en aucun cas que ces derniers forcent le contact avec le chiot ou le chien lorsqu’il sera adulte.
Exercice 1 : Accepter les manipulations corporelles
Ces manipulations ont pour but de désensibiliser les chiots afin de les rendre facilement manipulables en cas de besoin, une blessure à examiner par exemple ou le contrôle des chaleurs chez une chienne.
Le chiot sera pris dans les bras ou posé en hauteur. Ensuite vous allez serrer chacune des extrémités de ses quatre pattes de façon à lui faire sentir une pression. Mettre un doigt dans chaque oreille. Toucher le bout du museau. Ouvrir la gueule en grand (très utile le jour où vous aurez un cachet à faire avaler à votre chien). Tapoter sur toute la longueur du dos et étirer légèrement la queue, la soulever, et introduire pendant cinq secondes un thermomètre dans l’anus. Tapoter le dessous du ventre et toucher les organes génitaux.
Ces manipulations seront réalisées pendant les deux premières semaines, une fois le matin et une fois le soir, par les personnes que les chiots auront à fréquenter très régulièrement.
Exercice 2 : Apprendre à marcher à la laisse
La marche en laisse s’apprend en deux étapes. Pendant la première semaine vous laisserez le chiot se promener avec la laisse simplement attachée au collier. Elle trainera donc derrière lui. La deuxième semaine vous commencerez à diriger le chiot en laisse.
Chaque séance d’apprentissage durera 5 à 10 minutes. A la fin des séances on retire bien évidemment la laisse pour que le chiot ne risque pas de se coincer quelque part. Vous ferez au maximum deux séances par jour afin de ne pas lasser vos chiots.
Une fois que les chiots savent marcher en laisse, vous pouvez profiter de l’exercice pour leur faire découvrir les limites de votre propriété et de nouveaux lieux. C’est aussi une façon de créer le lien entre vous.
Exercice 3 : Accepter d’être mis à l’attache
Quand les chiots ont appris la contrainte de la laisse il faut leur apprendre à rester à l’attache. Ceci est un exercice d’éducation et pas une punition. Il inculque au chiot la notion de limite à respecter. Cela s’enseigne de façon progressive en utilisant une chaine de trois mètres au moins et en fixant un tourillon au collier de façon à éviter que la chaine ne s’entortille. Vous commencerez par 5 minutes à l’attache en restant avec lui pour le rassurer. Dans les séances suivantes vous augmenterez progressivement la durée d’attache à 10, 15, 20, 30, 40, 50 et 60 minutes. Lorsque les chiots peuvent rester une heure à l’attache en restant tranquilles, l’exercice est acquis.
Il est toujours utile de pouvoir mettre ses chiens en sécurité, par exemple si une chienne est en chaleur ou si vous devez laisser entrer chez vous des étrangers, par exemple pour faire des travaux.
L’attache ne doit pas être comprise par le chien comme une punition. Il faut toujours les féliciter de leur bon comportement dans l’exercice demandé. Je ne suis personnellement pas adepte de la récompense par la nourriture et je ne l’utilise pas. Je préfère féliciter mes chiens chaudement et les remercier par une caresse ; mais si cela vous parle un, juste un, petit bout de saucisson ou de fromage peut aussi constituer une forme de récompense pour un exercice réussi.
ATTENTION au lieu de l’attache. Les chiots ne doivent pas risquer de se retrouve pendus en voulant franchir un obstacle ou en escaladant une barrière. Le plus pratique est un anneau fixé dans un mur auquel vous pourrez accrocher la chaîne. Il faudra dégager tout obstacle du périmètre dans lequel les chiots attachés vont évoluer. Veillez aussi au fait que le chien ne se retrouve pas en plein soleil sans possibilité de se mettre à l’ombre.
Exercice 4 : Monter et descendre de voiture
Il est utile que les chiens puissent être déplacés en voiture, ne serait-ce que pour aller au cabinet vétérinaire en cas de besoin. Quand ils sont encore petits, il faudra les porter pour les monter et les descendre de la voiture afin d’éviter qu’ils ne se blessent.
Leur apprendre un ordre pour monter et un ordre pour descendre. Ce dernier ordre indiquera au chien qu’il ne doit descendre qu’après l’avoir entendu et pas simplement lorsque la portière s’ouvre.
Exercice 5 : Découvrir le monde extérieur
Pour le bon développement mental et émotionnel de vos chiots ils doivent absolument découvrir dès le lendemain de leur arrivée des situations variées dans des milieux différents en dehors de la maison. Je vous encourage en particulier à leur faire découvrir le milieu urbain avec ses parking goudronnés, ses routes, ses feux rouges, tous les bruits de la ville et ses habitants divers et variés.
Ces exercices seront ici encore limités à 5-10 minutes selon la maturité des chiots. Au départ vous ouvrirez simplement votre véhicule afin que le chiot puisse examiner le nouveau lieu, un parking par exemple, depuis un endroit dans lequel il se sentira en sécurité (la voiture) et avec vos encouragements. Ensuite vous le poserez simplement au sol dans le même objectif. Enfin vous commencerez à le promener sur quelques mètres puis quelques dizaines de mètres en fonction de son évolution.
Lorsque les chiots sont capables de se promener en laisse dans un lieu urbain fréquenté sans éprouver de crainte, l’exercice est acquis.
Evitez que tous les passants ne viennent tripoter votre chiot sous prétexte qu’il ressemble à un petit nounours. Son intégrité doit être préservée et le contact avec les étrangers doit rester sous votre contrôle.
Alimentation des chiots
Tous mes chiots et mes chiens sont nourris matin et soir, et à volonté afin d’éviter de créer des compétitions et tensions inutiles au moment du nourrissage. Après chaque repas il doit rester des croquettes dans les gamelles. Les chiots et les chiens adultes mangent ensemble. Je dispose mes gamelles de croquettes sur une seule ligne.
Les chiots doivent réaliser des croissances modérées. Ils ne sont pleinement adultes qu’à l’âge de trois/quatre ans. Il est très important d’utiliser un aliment de type 25 % de protéines et 15 % de matières grasses à distribuer en deux repas par jour. Par exemple le MEDIUM ADULT de Royal Canin.
Ne surtout pas utiliser des croquettes spéciales CHIOTS DE GRANDE RACE comme du Giant Puppy.
Ne donnez aucune complémentation en calcium mais vous pouvez par contre enrichir régulièrement les croquettes avec des oligoéléments qui participent activement à la construction de l’immunité et donc de la santé.
Des œufs entiers avec la coquille et de l’huile d’olive peuvent être également ajoutés à la gamelle plusieurs fois par semaine.
Vous pouvez aussi vous orienter vers l’alimentation au cru qui est bien meilleure que les croquettes. Voir à ce sujet le site http://www.tribu-carnivore.com/ qui contient toutes les informations utiles.
Les chiots adorent ronger les os crus. N’hésitez pas à leur en donner régulièrement. Ne jamais donner des os cuits car les chiens ne sont pas capables de les digérer.
En conclusion
La méthode que je présente dans cet article a largement fait ses preuves depuis de nombreuses années. Les chiots deviennent des chiens équilibrés et sereins. Et la relation avec la famille est très agréable à vivre au quotidien.
Le succès réside toujours dans l’équilibre à trouver chez les chiens entre le mental, l’émotionnel et le physique. La méthode TTouch pour laquelle je suis praticien certifié peut apporter beaucoup au chien et au maître se trouvant en difficulté. Sur ce sujet je vous invite à visiter le site http://www.tellington-ttouch.fr/ pour en savoir plus.
Les chiens de protection, comme le patou, accomplissent chaque jour des prouesses en protégeant avec discernement leurs troupeaux, parfois au péril de leur vie. Les observer est pour moi une source d’émerveillement permanent. Et aussi un enseignement que j’essaie de transmettre afin que chiens de protection ou chiens de famille vivent dans la complicité et l’harmonie avec leurs gardiens. Il est tout à fait possible de produire dans la même portée des chiens de protection et des chiens de compagnie. Je l’ai prouvé à de maintes reprises.
« Les champions de la bêtise ce sont toujours les maîtres, pas les chiots. En effet ce sont eux qui mettent les chiots en situation de faire des bêtises. Ils doivent donc assumer cette responsabilité. »
ANNEXESA – Pour ou contre la castration ?
B – Exemple de calendrier d’exercices à réaliser pendant les quatre premières semaines suivant l’arrivée de chiots de trois mois dans une nouvelle famille
C – Fiche d’évaluation du chiot pour évaluer sa progression dans la nouvelle famille
B – Exemple de calendrier d’exercices à réaliser pendant les quatre premières semaines suivant l’arrivée de chiots de trois mois dans une nouvelle famille
A – Pour ou contre la castration ?
La stérilisation : je suis contre et voici pourquoi
L’intégrité du système hormonal dont dépendent les humeurs et les comportements doit être absolument préservée. Ce texte du Docteur Emmanuelle Titeux est Praticien hospitalier, spécialisée en médecine du comportement à l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort et chargée d’enseignement à l’ENVA et dans les universités de Paris-Descartes et de Reims, conforte cette position.
Points intéressants pour la santé:
- Les animaux stérilisés développent plus de cancers et à un stade plus précoce (effets à long terme de la LH par absence de rétrocontrôle).
- Il ne suffit pas d'adapter l'alimentation des chiens stérilisés pour répondre au problème d'obésité entraîné par la stérilisation. Les données montrent que cela ne marche pas : seuls 10 % des chiens stérilisés obèses mis au régime perdent du poids, et parmi eux 40% reprennent le poids perdu dans les mois suivants.
- On a longtemps dit que les animaux stérilisés vivaient plus longtemps, mais c'était basé sur une publication faite à partir d'une clientèle américaine (les animaux entiers étaient peu médicalisés, non vaccinés, et appartenaient à une population plus précaire). Ce n’est donc pas transposable à la situation de nos chiens et il faut revoir cette idée.
Sur le comportement :
- Les effets bénéfiques sur les comportements sexuels et les fugues sont contredits par certaines études dès les années 1970.
- Dès les années 1990, Farrel montre que les chiennes Berger Allemand stérilisées deviennent nettement plus agressives. Il conclut sur le fait qu'il ne faut pas stériliser les chiennes agressives.
- L'étude de Farhoody (2018) sur plus de 13 000 chiens invalide l'idée selon laquelle il y aurait un lien entre stérilisation et agressivité, la stérilisation ne modifiant pas les comportements agressifs du chien.
- Les individus peureux doivent être stérilisés le plus tard possible: à chaque période de chaleurs, une chienne progresse et son comportement évolue positivement. Si on la stérilise à 6 mois, on « fige » les problèmes comportementaux en l'empêchant d'évoluer.
- La testostérone module l'agressivité: En castrant un chien, on augmente son risque d'agressivité sur les humains (voire sur les congénères).
ALORS, QUE FAIRE?
- Jamais de stérilisation précoce.
- Pour les mâles, la castration chirurgicale ne présente aucun intérêt. Pour empêcher la reproduction, il y a la vasectomie (simple et avec moins d'effets secondaires) et en présence de comportements sexuels indésirables, on peut faire usage uniquement de l'implant (la production de LH et de testostérone est pulsatile et non stable dans le temps, elle diminue avec l'âge. Il est possible de poser un implant quand un problème survient).
- Les problèmes comportementaux doivent être gérés par une prise en charge comportementale (expliquer qu'on ne peut garantir aucun effet positif par la stérilisation).
- Pour les femelles, la décision doit se faire au cas par cas (race, profil comportemental, contexte de vie, ...). La ligature des trompes permet d’éviter les naissances non désirées en ne modifiant pas le système hormonal de la chienne qui gère tout son métabolisme.
Avant de prendre une décision, vous voulez en savoir plus la stérilisation ? Je vous conseille l’excellent ouvrage du Dr Vétérinaire Joël Dehasse publié en 2017 :
« La stérilisation du chien : pour et contre ? Effets physiologiques et comportementaux »
B – Exemple de calendrier d’exercices à réaliser pendant les quatre premières semaines suivant l’arrivée de chiots de trois mois dans une nouvelle famille
C – Fiche d’évaluation du chiot pour évaluer sa progression dans la nouvelle famille
Chaque comportement est noté sur l’échelle suivante :