Chiens de protection & chèvres miniaturesProtocole de mise en place de deux chiots de protection
GUIDE du débutant - Méthode Hogan des Vents
GUIDE du débutant - Méthode Hogan des Vents

Le chien de protection
C’est Un Savoir Faire & Un Savoir Etre
Un très long Apprentissage
Tant pour l’humain que pour le chien
SOMMAIRE
Préambule
1 - Chiens de protection et chèvres miniatures : une histoire récente
2 - L’introduction de chiens de protection : un véritable challenge
3 – Le chien de protection, entre rêve et réalité
4 – Protocole d’introduction de deux chiots de protection dans un troupeau
5 – Liste des exercices de travail à réaliser avec les chiots
6 – Alimentation des chiots
7 - Vers un chien de protection idéal
PREAMBULE
Ce protocole d’éducation est issu de mes 30 ans de recherche, d’élevage, de sélection et d’expérience dans le placement de chiots destinés à la protection de troupeaux. Mon élevage est connu sous l’affixe « du Hogan des Vents ». J’ai travaillé avec différentes races de protection : Montagne des Pyrénées, Kangal, Mâtin espagnol, Dogue du Tibet et leurs croisements.
Mon cursus de scientifique m’a permis d’aborder la question du chien de protection avec logique, rigueur et honnêteté. J’ai ainsi produit de nombreux articles sur le sujet et deux ouvrages. Ma réflexion sur ce chien si particulier est en perpétuelle évolution.
Il m’a fallu 20 ans pour acquérir des compétences significatives en matière de chiens de protection. Ces compétences reposent aussi sur un travail bibliographique important. Et beaucoup sur l’observation du comportement de mes chiens dans les conditions les plus naturelles possibles. Mes interventions ont été très réduites pour leur laisser toute liberté d’agir.
Arriver à ce lâcher prise fut fort complexe car cela ne fait pas partie de nos habitudes en matière d’éducation canine. En effet nous sommes, pour la grande majorité, formés dans le contrôle du chien. Aujourd’hui je ne donne plus aucun ordre à mes chiens de protection.

ORGOS du Hogan des Vents (3 mois) et ses chèvres miniatures
Photo Élevage de Bella’Capra
1 – Chiens de protection et chèvres miniatures : une histoire récente
En France, les élevages de chèvres miniatures sont souvent des élevages de loisir mais se rencontrent également des élevages professionnels comprenant un nombre significatif de reproducteurs.
Les prédateurs qui menacent les chèvres miniatures et leurs minuscules cabris sont nombreux : chiens errants, renards, loups, chacal doré, corvidés, rapaces, blaireaux, sangliers sans compter les personnes mal intentionnées.
La colonisation du territoire français par le loup est une réalité que certains peinent encore à comprendre. C’est pourtant une réalité et ce redoutable prédateur est présent dans tous nos départements, en dispersion ou en installation permanente (1).
2 – L’introduction de chiens de protection : un véritable challenge pour les éleveurs
Introduire des chiens de protection dans un troupeau se révèle être un véritable challenge pour les éleveurs. Avec la disparition des grands prédateurs en France, il y a plus d’un siècle, tout le savoir sur les chiens de protection s’est perdu. Le retour du loup sur le territoire national et sa rapide expansion prennent pratiquement par surprise bon nombre d’éleveurs ovins, caprins, bovins et équins. Ils n’imaginent pas qu’un loup puisse surgir au milieu de leur troupeau. Les premières attaques provoquent donc un véritable choc d’autant plus que l’état français continue de minimiser la situation et de dissimuler les faits.
Démarrer des chiots pour la protection de son troupeau alors que le loup a été vu à quelques dizaines de kilomètres de chez soi, c’est déjà avoir quatre ans de retard dans la mise en place des chiens. Quatre ans, c’est le temps minimum nécessaire à la formation des chiens et à leur découverte et maîtrise du territoire ou des territoires dans lesquels évolue leur troupeau. Néanmoins le chien reste le seul moyen de protection capable de s’adapter aux changements de stratégies du loup qui est un prédateur remarquablement intelligent.
La plupart des participants au débat sur le retour des grands prédateurs en France sous-estiment largement les conséquences de l’introduction de chiens de protection. Leur présence entraîne une réelle surcharge de travail. Les chiens sont au quotidien une source inépuisable de tracas pour leurs propriétaires. Il y a un temps d’apprentissage et de découverte, à la fois pour les chiens et pour les hommes, et il est long. Malgré tout les chiens de protection restent le meilleur moyen de protéger nos troupeaux et même les prédateurs. Dans une situation où le rapport de force est équilibré entre meute de chiens et meute de loups, les confrontations directes sont rares. Les éleveurs ont besoin de chiens en bonne santé, équilibrés et efficaces au travail. Ces caractéristiques ne peuvent découler que d’une réelle sélection génétique qui fait aujourd’hui cruellement défaut en France. Les chiens quant à eux ont besoin de personnes qui les comprennent ce qui demande un lâcher prise inhabituel et difficile à acquérir d’autant plus que mythes et légendes erronés continuent de courir la campagne depuis 30 ans. C’est au naisseur d’assurer le suivi des chiots qu’il place.
Pour ma part je garantis le suivi à vie des chiots nés dans mon troupeau. Je suis disponible 7 jours sur 7 pour répondre aux inévitables questions des débutants en la matière dans la mesure où ces derniers suivent correctement mes conseils (2).
Respect, connivence, et collaboration sont les clés d’une coopération réussie entre chiens et humains. Les chiens de protection ne sont pas des outils, ils sont nos compagnons. Il faut du temps pour se familiariser avec le travail des chiens de protection et du temps pour que les chiens acquièrent de l’expérience. Avec le temps l’efficacité de l’entité « éleveur – troupeau – chiens de protection » s’améliore. D’après mon expérience personnelle cela demande une bonne dizaine d’années pour atteindre un équilibre, sélectionner les bons sujets, comprendre leur rôle, et apprécier à leur juste valeur ces incroyables chiens dits à juste titre de protection.
3 – Le chien de protection, entre rêve et réalité
De mon expérience de 25 ans maintenant dans le placement des chiots, j’ai constaté que les débutants en chiens de protection ont souvent des attentes irréalistes. Face aux capacités d’un chiot qui restera un simple bébé jusqu’à au moins deux ans, s’il est élevé dans une meute familiale, ou trois ans s’il doit apprendre le métier sur le tas, ces attentes sont démesurées et hors de portée des chiots. Qui plus est des chiots élevés sans chiens adultes formateurs n’atteindront probablement jamais le niveau de compétence de chiots éduqués par des adultes. En effet ils ne bénéficieront pas de la transmission de la culture et du savoir de la meute. Ils devront créer une nouvelle culture de meute à partir leurs propres expériences et cela demandera de nombreuses années.
Demanderait-on à un enfant de 4 ans de conduire une moissonneuse batteuse sur une route départementale ? Certes non. Pourtant c’est à peu prés la demande des débutants en chiens de protection face à un petit chiot de deux mois à peine.

Photo les chèvres Toy d’Émilie
Les nouveaux utilisateurs de chiens de protection ont parfois des chiens de conduite. De façon assez naturelle ils essaient de se comporter avec les chiens de protection comme ils ont l’habitude de le faire avec leurs chiens de conduite, notamment en donnant des ordres. Hors il n’y a pas plus opposé en termes de comportement que chiens de conduite et chiens de protection. Si le chien de conduite est sous le contrôle quasi permanent de l’humain, le chien de protection, lui, demande un lâcher prise quasi-total. C’est un chien indépendant, intelligent, sensible, et courageux prenant lui-même des décisions. Et c’est un exercice loin d’être simple pour le débutant en la matière.
Les débutants veulent aller beaucoup trop vite. A peine le chiot est-il arrivé en bergerie qu’ils commencent à analyser toutes ses réactions. Cependant les chiots sont des adultes en devenir. Il faut leur laisser le temps d’acquérir de la maturité. Et cela prend ... des années. Et pas des semaines ou des mois. Patience est le premier maître mot. Le second est lâcher-prise, ce qui est en général très compliqué pour les nouveaux utilisateurs.
Il faut compter 20 ans de sélection minimum pour produire des chiots dont la morphologie et le tempérament sont hautement prévisibles. Le choix de l’éleveur naisseur et la qualité du suivi qu’il peut proposer sont donc déterminants dans la réussite du projet d’intégrer des chiens de protection dans son troupeau.
TÉMOIGNAGE de Floriane – Élevage de Bella’Capra
Je viens vous donner des nouvelles des chiens protégeant notre élevage de chèvres miniatures.
GIULIA du Hogan des Vents [chienne adulte] va super bien et ORGOS du Hogan des Vents [un chiot] aussi. Ils ont tous les deux retrouvés la pâture d'été avec les biquettes. Tout se passe pour le mieux bien qu’ORGOS ait encore un peu de mal avec les chevreaux qui sont très petits (il veut jouer avec eux mais ce n'est pas possible). Nous travaillons dessus et je remarque une nette amélioration. Ce sont des amours de gros nounours. Ils sont tous les deux doux et affectueux. C'est un bonheur de les avoir avec nous. De plus ce sont de très bons gardiens ! Personne ne rentre dans leur parc sans y avoir été invité.
ORGOS est un gros nounours qui a une gentillesse énorme avec nous. GIULIA aussi et qu'est-ce qu'elle est calme et posée c'est hallucinant. On voit le chien de protection par excellence ! Toujours attentive, elle observe et écoute en permanence même quand elle dort c'est fou.
Je suis tellement heureuse avec vos chiens c'est extraordinaire le lien que l'on peut créer avec eux au travail en harmonie avec la nature et les chèvres. Je vous dis encore une fois merci de nous avoir permis de les accueillir dans nos vies et de vivre cette belle aventure.
Le choix de la race du chien de protection pour les chèvres miniatures
Compte tenu de la très petite taille des chèvres miniatures et de leurs chevreaux, certaines races de protection, plus calmes, me semblent plus appropriées. Néanmoins toutes les races de chiens de protection pourraient convenir avec une éducation bien spécifique.
Ainsi le Montagne des Pyrénées ou Patou, notre chien de protection français, convient parfaitement pour protéger des troupeaux de chèvres miniatures (3). Le Montagne des Pyrénées de lignées de travail est aussi sans conteste le plus facile à trouver en France. C’est un chien affectueux avec ses humains mais un redoutable protecteur face aux prédateurs.
Le Mâtin espagnol, de plus gros gabarit, conviendrait aussi mais il est beaucoup plus rare en France, surtout issus de lignées de travail sélectionnées. J’aurais tendance à déconseiller des chiens plus vifs et plus intenses comme le Kangal ou le Berger du Caucase.
Partons maintenant à la découverte du chien de protection et de ses caractéristiques.
Le chien de protection en France : un mauvais départ qui dure depuis plus de 30 ans
Le retour des chiens de protection en France a démarré sur de très mauvaises bases toujours à l’origine de nombreux problèmes dans le milieu rural.
Après l’arrivée du loup dans les Alpes, il y a maintenant plus de 30 ans, les pouvoirs publics ont encouragé et financé partiellement – très partiellement dans les faits – l’acquisition de chiens de protection par les bergers (4).
La méthode de mise en place des chiots a été ramenée des États-Unis faisant suite aux travaux de chercheurs américains Coppinger. Cette méthode simpliste s’est alors imposée comme une vérité universelle colportée de publication en publication jusqu’à nos jours. En France tout savoir faire concernant les chiens de protection était perdu depuis plus d’une centaine d’années. La méthode Coppinger a donc été adoptée d’emblée. Elle consiste à faire naître des chiots en bergerie, pratiquement sans contact avec l’homme. Le chiot est ensuite isolé très jeune de ses semblables, à deux mois, sous prétexte de créer un attachement au troupeau. C’est la fameuse « fixation » de la méthode conventionnelle préconisée partout en France mais jamais évaluée dans ses résultats depuis 30 ans. La plupart du temps ce chiot sera placé dans un lot de chevrettes de son nouveau troupeau. Là encore sans contact ou si peu avec son nouveau berger pendant les premières semaines suivant son arrivée et sans contact avec les autres chiens de la ferme pendant plusieurs mois.
Pour moi, cela n’est ni plus ni moins que de la maltraitance. Je suis d’ailleurs loin d’être le seul éleveur/berger choqué par le procédé. Les éleveurs vivent naturellement au contact de leurs animaux et ils les aiment avec passion. Leur expliquer qu’ils ne doivent pas toucher un chiot, sous prétexte de le rater, en laisse plus d’un sceptique. A mes débuts, et malgré le peu de connaissances que j’avais à l’époque, j’ai rapidement remis en cause cette façon de faire tellement elle me semblait peu naturelle.
Dans cette méthode les besoins fondamentaux des chiots sont totalement ignorés. Ce sont des besoins de jeu, de sécurité, de soutien, d’affection et de formation par les chiens adultes. Les chiots formés selon cette méthode se construisent sur la peur et non pas sur la confiance. Cette méthode produit des chiens difficiles à gérer y compris par leurs propres bergers. Elle conduit à de nombreuses difficultés et échecs.

La présence d’un chien adulte – âgé de plus de trois ans – est à la fois rassurante et formatrice pour les chiots. Le rôle des adultes est de protéger et d’éduquer les jeunes. Plus ils sont expérimentés, plus ils seront performants pour remplir ces rôles.
Photo Élevage de Bella’Capra
Les chiots apprennent en imitant les chiens adultes d’où l’intérêt d’avoir des adultes compétents et bien éduqués pour les former. Lorsque les chiots sont élevés dans l’isolement avec uniquement des chèvres, il est fréquent de les observer en train de manger du foin. Et tout le monde de trouver cela trop mignon, le chiot qui se prend pour une chèvre. En fait il s’agit d’une vraie déviation comportementale. Les pauvres petits n’ont pas d’autres professeurs alors ils imitent les chèvres. Mes chiots élevés dans la meute n’ont jamais mangé de foin au râtelier, et pour cause, ce ne sont pas des herbivores.
Pour une meilleure compréhension des chiens de protection
Un jeune chien de protection est considéré en apprentissage pendant ses deux premières années au troupeau. Jusqu’à ses deux ans je parle de « chiot » et pas de chien.
Ainsi la durée de formation minimum d’un chiot est de 2 ans en bonnes conditions, c’est-à-dire sous la supervision de chiens adultes expérimentés dont le rôle est de les éduquer et de les protéger.
Sans adultes expérimentés pour les guider et les protéger, ce temps de formation est inévitablement plus long, et plus proche de 3 ans, car les chiots doivent apprendre sur le tas et faire leurs propres expériences. Et ils n’atteindront probablement jamais le niveau de compétence de chiots éduqués par des chiens adultes car ils ne bénéficieront pas de la transmission de la culture et du savoir de la meute. Ils devront créer une nouvelle culture de meute à partir leurs propres expériences. C’est la raison pour laquelle je conseille d’introduire un nouveau chiot dans la meute dès lors qu’un de ses membres atteint l’âge de 5 ans. Le chiot pourra ainsi recevoir l’enseignement des anciens tout en faisant ses propres expériences.
Il est important de rappeler que l’attachement au troupeau est un trait génétique et qu’il n’y a pas besoin de le créer, si on a bien sûr la bonne génétique ce qui est un pré requis pour un chien de protection. Cette particularité qui définit les chiens de protection est sélectionnée depuis des siècles par les bergers partout dans le monde, en même temps que la non agressivité envers l’humain. Un chien de protection n’est pas un chien de garde, ce sont deux fonctions différentes.
Depuis toujours je défends une vision humaniste de l’élevage, par opposition à une vision mécaniste qui fait des animaux de simples outils à disposition des humains. Mes chiens sont mes compagnons de vie, je les respecte et en retour ils me respectent. Je suis le leader de ma meute de chiens de protection. Je la contrôle uniquement à la voix. La proximité que j’ai avec mes chiens depuis leur naissance n’entrave en rien leur capacité à protéger mon troupeau.
Pour une meilleure compréhension des chiens de protection
L'attachement au troupeau ne se travaille pas. C'est un trait génétique, pas un fonctionnement décrété par l’humain. Quand il n'y a qu'un seul chien en protection il est tiraillé entre le fait de rester dans le troupeau et le fait de patrouiller autour du troupeau pour prévenir le danger et marquer le territoire pour que les autres canidés sachent que le dit territoire est déjà occupé. Deux chiens ou plus savent parfaitement se répartir ces rôles. Un seul chien est dans une position insoutenable et c’est de la maltraitance. Il s’épuise à vouloir protéger 24 heures sur 24. Le chien de protection est indéniablement un animal de meute. Il n’a jamais été sélectionné pour travailler tout seul.
Il y a plus de 30 ans que j’ai entamé mes premières recherches sur les chiens de protection. Depuis j’ai établi des liens un peu partout dans le monde avec d’autres utilisateurs passionnés qui ont enrichi mon approche de leurs savoirs et de leurs expériences. Mon travail quotidien avec ma meute a abouti à la publication de mon premier livre sur le Montagne des Pyrénées en 2016. La deuxième édition, largement augmentée avec plus de 500 pages et 480 photos, a été publiée en 2023, elle est en vente sur mon site.

Paru en 2023, cet ouvrage de plus de 500 pages contenant 480 photos est le plus récent et le plus complet sur le Montagne des Pyrénées de travail – Élevage / Sélection / Éducation / Utilisation – De fait, les mêmes principes s’appliquent à toutes les autres races de chiens de protection.
Avec l’expérience des plus de 300 jeunes que j’ai fait naître et placés au travail dans des troupeaux, j’ai affiné année après année ma réflexion sur la mise en place des chiots pour en arriver au protocole suivant. Bien évidemment ma réflexion se poursuit en fonction de mes expériences et de mes rencontres, et ce protocole est en constante évolution.
Devant l’inquiétude des débutants, que j’observe régulièrement, et leur réelle volonté de bien faire avec leurs chiots, j’ai décidé de vous proposer un protocole très détaillé pour vous guider pas à pas. Ce protocole s’applique spécifiquement lors d’une première introduction de chiens de protection dans un troupeau chez des personnes qui n’ont aucune expérience des chiens de protection et dont le troupeau ne connaît pas non plus les chiens de protection.
Il est très important que les débutants en chiens de protection puissent communiquer avec une personne ressource aussi souvent que nécessaire. Il ne faut jamais attendre … avec l’espoir que les choses s’améliorent. Il faut intervenir très rapidement dès qu’une question se pose que ce soit en termes de comportement ou en termes de santé.
4 – Protocole d’introduction de deux chiots de protection dans un troupeau
Mon expérience personnelle m’a conduit depuis de nombreuses années à ne plus placer de chiot unique sauf s’il y a déjà présent dans le troupeau un chien adulte capable de le protéger et de l’éduquer. Dorénavant je ne place plus que des paires de chiots.
Pourquoi deux chiots ?
Lorsque deux chiots partent ensemble ils affrontent leur nouvelle réalité avec beaucoup plus de sérénité. Ils peuvent se donner de l’affection, du support et du courage. Ils passeront beaucoup de temps à jouer ensemble ce qui les occupera et évitera qu’ils se concentrent à faire des bêtises pour passer le temps.
Chaque fois qu’un chien de moins de deux ans fait une bêtise c’est vous qui êtes le premier responsable de l’avoir mis en situation de faire la bêtise. Au final deux chiots c’est aussi deux fois plus de protection en un seul investissement de temps.

ORGOS du Hogan des Vents. Il est absolument indispensable que les chiots de moins de deux ans soient en permanence supervisé par un humain au risque de les voir jouer avec les chèvres ou les cabris et de les blesser.
Photo Élevage de Bella’Capra
Je n’insisterai jamais assez sur le fait que les premières semaines de vie des chiots sont déterminantes pour leur bon développement et leur avenir de chiens de travail. La recherche scientifique a démontré que plus les stimulations sont importantes dans le jeune âge, plus le cerveau est développé. Et c’est effectivement ce qui est recherché chez le chien de protection qui doit être posé, réfléchi et capable d’initiatives pertinentes.
Il ne faut jamais refuser de donner de l’affection à un chiot qui est en demande. Il est en fait en recherche de sécurité et dans son nouveau troupeau vous êtes son parent de substitution. Il vous revient de le rassurer afin d’en faire plus tard un adulte équilibré, sûr de lui, sachant qu’il peut compter sur vous.
Concernant le choix des chiots, il n’y a aucun problème à ce qu’ils proviennent de la même portée. Cela est même un atout car les chiens se connaissent depuis leur naissance. Selon le niveau de prédation moyen ou fort, le choix s’orientera plutôt vers une paire frère/sœur ou un couple non consanguin mâle/femelle ou vers deux mâles. Il est important que les chiots soient de même âge.
Le recours à une paire de femelles atteint rapidement ses limites lorsque les chiennes ont leurs premières chaleurs. Elles sont alors moins concentrées sur le travail et peuvent même quitter le troupeau à la recherche d’un mâle. Pire, elles peuvent aussi attirer des mâles, qu’ils soient chiens ou loups. Dans ce cas de figure et à l’échéance d’une année lorsque les chiennes sont bien intégrées à l’élevage il sera nécessaire d’introduire un mâle. Un mâle augmentera non seulement la puissance de protection mais il protégera aussi ses femelles de tout rival en les excluant du territoire. Un mâle a deux fois plus de bonnes raisons de repousser les prédateurs car il défend son troupeau et il défend aussi ses femelles et les chiots de la meute. La présence d’un mâle entier est par ailleurs un élément structurant dans le développement des chiots. J’ai abordé dans mon livre les sujets de la castration des chiens – que je déconseille fortement – et du contrôle des naissances (5) que je ne développerai pas ici.
LE CHIOT SEUL AU TROUPEAU
Lorsqu’un chiot vit dans sa meute depuis sa naissance. Sa famille - son père, sa mère, sa fratrie, un frère et une sœur d'une portée précédente - l'entoure et l'éduque, tout comme les autres chiens de la meute. Ce chiot apprend dans un espace sécurisé où il peut s'épanouir, il passe ses journées à jouer avec les autres chiens ce qui constitue un véritable apprentissage.
Ce chiot deviendra un redoutable protecteur parce qu'il se sera construit sur la confiance et la compétence transmise par les chiens adultes.
Un chiot laissé à lui-même dans un troupeau n'apprend rien, il ne reçoit aucune stimulation, il lui est interdit de jouer, il vit dans l'ennui et la crainte car aucun adulte n'est là pour le protéger et encore moins pour l'éduquer (les jeunes loups quittent leur meute vers l’âge de deux ans lorsqu’ils ont acquis suffisamment de compétences, pas à deux mois comme la plupart des chiots placés en protection en France). Un chiot de deux mois n’a aucune compétence ; laissé seul dans un troupeau il se construit sur la peur. C'est de la maltraitance et je ne cesserai jamais de le répéter. Pourtant il va protéger plus tard car la protection est dans ses gènes ... mais à quel prix pour lui et son berger ?
Un chien éduqué seul dans son coin aura forcément un répertoire comportemental plus limité et une réactivité plus grande. Il gérera avec beaucoup plus de difficultés des situations complexes, notamment les interactions avec des humains inconnus.
Un chien peut passer sa vie attaché au bout d'une chaîne de 1,50 m et il vous fera même la fête lorsque vous lui apporterez à manger. Mais est-ce que cette vie est vraiment enviable ?
Connaître l'essence des chiens de protection est indispensable pour bien les utiliser dans leur fonction ancestrale. Les considérer comme des outils corvéables à merci explique en très grande partie l'échec qui leur est imputé - à tort - depuis le retour du loup en France. Ce ne sont pas les chiens qui sont en cause mais la façon dont ils sont éduqués (ou pas éduqués justement), sélectionnés (enfin pas sélectionnés) et utilisés.
Les chiens de protection travaillent depuis toujours en meute et une meute c'est au minimum deux individus.
Le chien de protection « idéal » c’est à ses débuts :
- Un chiot né et élevé dans une meute de chiens, composée au minimum de son père et de sa mère;
- Un chiot manipulé régulièrement par son naisseur;
- Un environnement stimulant et des contacts avec des animaux de différentes espèces notamment des animaux de petite taille : chats et différents types de volailles ;
- Les chiots doivent pouvoir bénéficier de l’encadrement et de la formation donnés par les adultes de la meute. Pour des raisons de coût de production et d’efficacité, un placement à trois mois est un optimum. Les chiots, de par leur taille, font aussi moins peur aux chèvres que des chiens adultes et ils savent naturellement se faire accepter. Cela se solde parfois par quelques coups de tête ou de cornes. Il faudra donc rester vigilant afin d’éviter qu’ils ne soient blessés.
- Tout placement de chiot dans un troupeau devrait être précédé d’une enquête auprès de l’éleveur afin de vérifier que les conditions de succès sont bien remplies. Rien ne sert de placer des chiens dans une situation où ils seront inévitablement mis en échec.

GIULIA du Hogan des Vents est arrivée à l’âge adulte dans ce troupeau de chèvres miniatures. Elle avait déjà toutes les compétences pour protéger ce troupeau ainsi que la capacité d’éduquer le chiot ORGOS du Hogan des Vents qui est arrivé avec elle.
Photo Élevage de Bella’Capra
Un jeune chien de protection doit être considéré comme un chiot en apprentissage pendant ses deux premières années en présence de chiens adultes capables de le protéger et de l’éduquer. Sans chien adulte présent, ce qui est le cas pour une première introduction, ce temps d’apprentissage est plutôt de trois ans avant que les chiens ne soient totalement opérationnels.
Démarrer avec des chiens adultes est peu réaliste car ils sont très rares à se retrouver sur le marché et de qualité aléatoire. D’après les expériences que j’ai pu suivre cela se solde souvent par de nombreux problèmes. Démarrer avec des chiots me semble de très loin la méthode la plus efficace et la plus sûre.
Élever des chiens qu'ils soient de travail ou de compagnie est un VRAI MÉTIER. Je garde mes chiots jusqu'à trois mois afin de leur laisser le temps d'intégrer correctement les codes canins et d'acquérir de l'AUTONOMIE. Sur des chiots de deux mois, âge légal de la vente en France, il est totalement impossible d'obtenir ces résultats. En conclusion, parlant de CHIENS DE PROTECTION, je dirais que le choix du naisseur est aussi important, si ce n'est plus, que le choix de la race.
Les limites à l’utilisation de chiens de protection
C’est d’abord une question de coût d’achat et de coût d’entretien. Acquérir des chiots pas chers, sans origines connues, et sans suivi garanti n’est certainement pas la meilleure façon de faire.
Pour vous donner une idée, le coût de production moyen d’un chiot dans mon élevage est de 1000 €. Ces chiots sont issus de 6 générations de sélection. Leur morphologie et leur aptitude au travail sont hautement prévisibles. Ce n’est pas une surprise puisque c’est l’objet même de la sélection. Avant d’acquérir un chiot, il faudrait au moins connaître l’identité de ses quatre grands-parents et leurs performances au travail.
Concernant l’entretien des chiens : le prix de croquettes de bonne qualité est de l’ordre de 6 € le kilogramme. Sachant qu’un chien adulte en consomme en moyenne sur l’année 1 kilogramme par jour, le coût réel de l’entretien, uniquement pour la nourriture, s’élève en conséquence à 2190 € par chien et par an. Le recours à des déchets de boucherie, lorsque cela est possible, permet de baisser notablement ce coût.
Avec des chiens de lignées rustiques sélectionnées le coût vétérinaire reste très faible. La vaccination annuelle est inutile et le vaccin contre la rage sans intérêt puisque la France est indemne de rage. Voir les explications dans le chapitre santé de mon ouvrage sur le Montagne des Pyrénées (5). Mes chiens ne sont jamais ni lavés, ni brossés, ni castrés afin de préserver l’intégrité et la fonctionnalité de la fourrure. Ils ne sont pas non plus déparasités avec de coûteux produits chimiques. Les quelques rares problèmes de santé que je peux rencontrer (hot spot, morsures ...) sont traités en collaboration avec mon vétérinaire homéopathe (6).
Enfin il est nécessaire que les chiens aient réellement du travail et suffisamment d’espace pour l’exercer. Si vous n’avez que quelques individus sur une petite surface, mettre en place des clôtures hautes électrifiées et rentrer les chèvres tous les soirs dans un bâtiment bien fermé sera bien plus pratique et économique pour éviter la prédation.
Etre prêt à s’investir : un impératif !
Il est clair que l’introduction de chiens de protection demande à l’éleveur un investissement financier conséquent, et un investissement en temps incontournable, car ce sera lui le professeur des chiots et leur parent de substitution. Sans disponibilité pour éduquer des chiots il vaut mieux ne pas en prendre. Quitte à avoir les inévitables inconvénients des chiens de protection, il vaut mieux aussi pouvoir profiter de leurs avantages. Un chien mal éduqué c’est beaucoup de problèmes pour guère voire pas du tout d’avantages.

La présence d’un chien adulte est sans conteste un très gros atout lors de l’introduction des chiots dans un troupeau.
Photo Élevage de Bella’Capra
Il ne faut pas attendre d'un chiot qu'il ait un comportement de chien adulte. Les chiens de protection ont besoin d’acquérir une certaine maturité. Ils sont susceptibles de faire des erreurs et c'est normal.
C’est à l’éleveur de leur enseigner les bons comportements et de leur apporter de la sécurité pendant tout le temps de l’apprentissage. En l’absence de chiens adultes, il devient leur parent adoptif et leur enseignant pendant au moins deux ans.
Les jeunes chiens ne doivent pas être laissés seuls et sans surveillance avec des chèvres miniatures et plus encore des cabris avant l'âge de deux ans.
Ce qui ne veut pas dire qu’ils ne doivent pas être mis en contact régulièrement avec des chèvres et des cabris. Mais ce sera alors sous la supervision constante de leur éleveur afin de corriger leur comportement si nécessaire, notamment les jeux ou les poursuites. En dehors de ces périodes de surveillance, les chiots pourront être placés dans un enclos adjacent à celui des chèvres que ce soit au pré ou en bâtiment.
Les chiots peuvent jouer avec les petits animaux qu’ils considèrent comme des compagnons de jeu car ils ont la même taille ou sont plus petits. Néanmoins les chèvres miniatures et leurs cabris n’ont pas les codes canins pour dire STOP lorsque le jeu va trop loin. Sans présence humaine le jeu peut alors dégénérer et aller jusqu’à la mort de l’animal. Bien que cela soit beaucoup moins fréquent de tels jeux peuvent aussi se produire avec une paire de chiots, notamment à l’adolescence. La vigilance reste toujours de mise.
C’est aussi la raison pour laquelle les chiots doivent pouvoir régulièrement jouer avec des congénères en dehors de leur troupeau. Cela leur permet de se décharger de leurs excédents d'énergie et de développer des relations sociales avec leurs semblables. Cela participe à leur bon équilibre mental. Un chien de protection fera parfaitement la différence entre les chiens de sa maisonnée et les chiens étrangers susceptibles d’attaquer son troupeau.
ATTENTION : un chien dominant sur l’homme cela n’existe pas. Le mythe de la dominance du chien sur l’homme n’est qu’un mythe. Par contre entre chiens vivant dans un même groupe social c'est bien une réalité.
En termes de maniabilité du chien beaucoup se joue pendant le premier mois de présence dans le nouveau troupeau. Il est particulièrement important de consolider pendant cette période la relation « chiots – éleveur - troupeau » à travers des exercices simples.
Économiser quelques heures sur le temps d’éducation des chiots c’est se garantir des mois voire des années de problèmes avec ses chiens. Le jeu n’en vaut pas la chandelle.
Durant les premières semaines il faut limiter les contacts des chiots à la famille proche et à pas plus de 4 ou 5 personnes.
Les chiots ont besoin de jouer pour se défouler tous les jours, au moins deux fois par jour, matin et soir, mais surtout le soir avant la tombée de la nuit. Ils le feront entre eux et avec les autres chiens de la maison, entre 30 minutes et une heure, matin et soir. Jouer c’est une façon d’apprendre à se battre et c’est absolument nécessaire dans le cas des chiens de protection.
A leur arrivée, les chiots seront placés dans une case bien sécurisée en chèvrerie. Ils y trouveront un abri, de la nourriture et de l’eau. Cette case de 20 m² environ leur permettra de voir et d’entrer visuellement en contact avec les chèvres miniatures. Ils devront rapidement être présentés à tous les animaux de la maisonnée, tout comme vous présentez une personne à une autre personne en leur expliquant la situation.
Pendant la première semaine il faudra les sortir régulièrement de leur case, pour qu’ils fassent connaissance avec vous, pour les laisser faire leurs besoins et découvrir leur nouvel environnement. Lorsqu’ils en ont la possibilité les chiens font toujours leurs besoins en dehors des bâtiments.
Cette case sera fermée par des barrières d’au moins 1,20 m car les chiots, notamment les patous, sont les champions de l’évasion. Ils apprennent très vite à grimper par-dessus les barrières pour rejoindre leur nouveau troupeau.
Après une semaine et dès que vous en aurez l’occasion, au moins pendant les temps de nourrissage, matin et soir, laissez-les entrer en contact direct avec les chèvres non suitées. Si les chèvres sont trop affolées tenez les chiots en laisse jusqu’à ce qu’elles les tolèrent. Évitez de les mettre en présence de cabris pendant les deux premiers mois, le temps de créer une relation de confiance avec eux.
Pendant la première année le contact avec les chèvres, les cabris et les boucs ne se fera qu’en votre présence. Au pâturage les chiens seront dans un enclos électrifié attenant à la pâture des chèvres et des cabris. En chèvrerie les chiots regagneront leur case chaque soir.
Le contact entre chiens et cabris se fera dans un premier temps en laisse afin qu’ils s’habituent les uns aux autres, puis en liberté lorsque les chiots seront plus calmes. Évitez toute rencontre en début de matinée et en soirée, pendant les phases où les jeunes chiens sont très joueurs.
Pendant la deuxième année, lorsque l’intégration des chiots dans le troupeau est acquise, vous pourrez les laisser en contact de chèvres non suitées et de boucs pendant quelques heures. Mais toujours pas de contact avec les cabris sans supervision humaine.
Dans cette deuxième année vous pourrez faire participer les chiots à des mises bas, toujours sous votre supervision.
Dès la première année, vous pourrez leur distribuer les placentas voire les jeunes morts nés. Il est normal pour un chien de protection d’éliminer toute trace organique qui pourrait attirer un prédateur. Placentas et cabris morts nés sont aussi d’excellentes sources d’alimentation pour des chiots en croissance. Les chiens font parfaitement la différence entre des animaux vivants qu’ils protègent et des animaux morts qu’ils vont consommer, souvent quelques jours après les avoir recouvert de paille ou de terre. Ce n’est pas pour autant qu’ils vont se mettre à tuer des chèvres s’ils sont correctement nourris.
A l’arrivée des chiots la priorité est de créer un lien de confiance et d’amour avec les chiots.
Les nouveaux maîtres ne sont que des étrangers pour les chiots qui arrivent. Il faut un minimum de temps pour qu’ils fassent connaissance. Au début ils n’ont aucune raison de vous faire confiance et de venir vers vous. C’est tout à fait normal. Il n’y a pas de raison de s’en inquiéter s’ils proviennent d’un élevage où ils auront été correctement socialisés et sociabilisés.
Règles de base
- Faites voyager les chiots prés de vous et dans de bonnes conditions. C’est le premier contact qu’ils vont avoir avec vous et il doit être bon. A leur arrivée dans leur nouveau troupeau leur mettre un collier avec une médaille portant votre numéro de téléphone. Il est également utile de prévenir vos voisins, et le maire, de l’arrivée de ces nouveaux protecteurs pour les informer de leur fonctionnement.
- Interdire aux chiots de mordre les humains et même de mordiller. Évidemment le même interdit s’applique à tous les animaux du troupeau. La même règle s’applique aussi à tous les autres animaux de la maisonnée sauf les chiens qui ont le droit de se mordre entre eux pendant les jeux.
- Interdire aux chiots de sauter sur les gens. Ils doivent toujours avoir quatre pattes au sol. Il est IMPERATIF que les chiens ne sautent pas les clôtures. Pour cela la combinaison quatre pattes au sol + clôture électrifiée est très efficace. Le chiot doit intégrer pendant ses premières semaines de vie que la clôture est un élément infranchissable.
- Travailler le rappel à la voix sur un ordre précis de votre part et toujours le même, par exemple « SON NOM vient ici s’il-te-plaît ». Vous pouvez commencer en vous tenant très proche des chiots et puis augmenter la distance. Toujours féliciter chaleureusement les chiots quand ils exécutent l’ordre. J’explique dans mon livre sur le Montagne des Pyrénées tout l’intérêt du « s’il-te-plaît ». Il ne faut pas cependant compter sur le rappel lorsque le chien sera adulte. Son travail sera toujours prioritaire face à l‘ordre d’un humain. Si vous avez l’impression de contrôler le jeune chien, il en sera tout autrement avec le chien adulte.
- Apprendre aux chiots à cesser d'aboyer sur un ordre précis de votre part et toujours le même, par exemple « SON NOM veux-tu bien te taire s’il-te-plaît ». Les chiots doivent se taire une fois que vous avez identifié la raison pour laquelle ils aboient. Toujours féliciter chaleureusement les chiots quand ils exécutent l’ordre. Pendant leurs deux premières années les jeunes chiens aboient beaucoup plus que les adultes car ils découvrent la vie, il faut les rassurer en permanence et leur expliquer que la situation qui les inquiète est normale et que vous prenez la main. Les chiens de protection aboient à la tombée de la nuit pour signaler leur présence aux éventuels prédateurs. Dans ce cas précis, il faut les laisser faire. Un chien de protection n’aboie jamais sans raison, il faut toujours en tenir compte.
- Prévoir des bouts de bois et des gros os crus (jamais d’os cuit à un chien) afin que les chiots s’amusent et leur interdire tout autre objet pour le jeu notamment des chaussures ou encore des bouts de tuyaux ou des cordes. Pour l’arrivée des deux chiots, vous pouvez prévoir quatre gros os de bœuf pour les occuper et les distraire. Plus d’os que de chiots pour ne pas commencer à créer de concurrence entre eux.
- NE PAS LAISSER des chiens de moins de deux ans seuls et sans surveillance avec des cabris ou de petits animaux, même s’ils sont en paire.
- Pas d’exercice violent ou soutenu avant l’âge de deux ans sous peine de « casser » les chiens. La croissance des chiens de protection est lente. Ils atteignent leur gabarit adulte vers l’âge de trois ans mais les femelles ne sont totalement terminées qu’à quatre ans et les mâles à cinq ans.
Il faut les préserver pendant la phase de croissance importante qui a lieu les deux premières années. Les chiens effectuent d’abord une croissance en hauteur avant de s’étoffer les années suivantes. C’est la tête qui se modifiera en dernier.
Utiliser le grognement ou le « non » pour tout ce qui est interdit. Les chiots élevés dans une meute et déjà cadrés par des chiens adultes répondent très bien au grognement.
5 – Liste des exercices de travail à réaliser avec les chiots
Pendant les exercices qui suivent, les chiots doivent être encouragés et chaleureusement félicités. Il faut les encourager lorsqu’ils font bien et ne pas les gronder s’ils commettent des erreurs. Ils sont en apprentissage et il est normal qu’ils commettent des erreurs. Tous les exercices que je propose sont à réaliser en douceur et sans brutalité sur un temps court. L’histoire de la dominance est totalement dépassée, vous n’avez pas à dominer ou à contraindre vos chiots et vos chiens pour leur montrer que vous êtes le chef. C’est par le respect que vous deviendrez leur leader ce qui est tout à fait différent et bien plus plaisant je peux vous le garantir.
Si pour une raison ou une autre vous êtes tendu, énervé ou anxieux, il vaudra mieux reporter la séance d’éducation au lendemain. Si vous êtes stressé cela se transmettra aux chiots, et un chien stressé n’apprend rien.
Comme les chiots sont très joueurs en début de matinée et de soirée, il est préférable d’effectuer les exercices d’éducation à d’autres moments de la journée. Chaque exercice ne dure que quelques minutes afin de ne pas lasser les chiots.
Vous trouverez en ANNEXE de ce texte une proposition de calendrier d’exercices, établi jour par jour, pour les quatre premières semaines suivant l’arrivée des chiots sur votre ferme. Ce calendrier permet de mettre en place une progression dans la complexité des exercices. Il doit être adapté à l’environnement et aux contraintes propres à chaque élevage. Il vous donne une ligne directrice que vous pourrez modifier à votre convenance.
Exercice 1 : Accepter les manipulations corporelles
Ces manipulations ont pour but de désensibiliser les chiots afin de les rendre facilement manipulables en cas de besoin, par exemple une blessure à examiner ou le contrôle des chaleurs chez une chienne.
Chaque chiot sera pris dans les bras ou posé en hauteur. Ensuite vous allez serrer chacune des extrémités de ses quatre pattes de façon à lui faire sentir une pression. Mettre un doigt dans chaque oreille. Toucher le bout du museau. Ouvrir la gueule en grand (très utile le jour où vous aurez un cachet à faire avaler au chien). Tapoter sur toute la longueur du dos et étirer légèrement la queue, la soulever, et introduire pendant cinq secondes un thermomètre dans l’anus. Tapoter le dessous du ventre et toucher les organes génitaux.
Ces manipulations seront réalisées pendant les deux premières semaines, une fois le matin et une fois le soir, à tour de rôle par les personnes que les chiots auront à fréquenter très régulièrement.
Exercice 2 : Apprendre à marche à la laisse
La marche en laisse s’apprend en deux étapes. Pendant la première semaine vous laisserez le chiot se promener avec la laisse simplement attachée au collier. Elle traînera donc derrière lui. La deuxième semaine vous commencerez à diriger le chiot en laisse.
Chaque séance d’apprentissage durera 5 à 10 minutes. A la fin des séances on retire bien évidemment la laisse pour que le chiot ne risque pas de se coincer quelque part. Vous ferez au maximum deux séances par jour afin de ne pas lasser vos chiots.
Une fois que les chiots savent marcher en laisse, vous pouvez profiter de l’exercice pour leur faire découvrir les limites de vos champs ou de la propriété. C’est aussi une façon de créer le lien entre vous.
Exercice 3 : Accepter d’être mis à l’attache
Quand les chiots ont appris la contrainte de la laisse il faut leur apprendre à rester à l’attache. Cela s’enseigne de façon progressive en utilisant une chaîne de trois mètres au moins et en fixant un tourillon au collier de façon à éviter que la chaîne ne s’entortille. Vous commencerez par 5 minutes à l’attache en restant avec eux pour les rassurer. Dans les séances suivantes vous augmenterez progressivement la durée d’attache à 10, 15, 20, 30, 40, 50 et 60 minutes. Lorsque les chiots peuvent rester une heure à l’attache en restant tranquilles, l’exercice est acquis.
Il est toujours utile de pouvoir mettre ses chiens en sécurité, par exemple si une chienne est en chaleur ou si vous devez manipuler le troupeau avec des personnes inconnues.
L’attache ne doit pas être comprise par le chien comme une punition. Il faut toujours les féliciter de leur bon comportement dans l’exercice demandé. Je ne suis personnellement pas adepte de la récompense par la nourriture et je ne l’utilise pas. Je préfère féliciter mes chiens chaudement et les remercier par une caresse ; mais si cela vous parle un petit bout de saucisson ou de fromage peut aussi constituer une forme de récompense pour un exercice réussi.
ATTENTION au lieu de l’attache. Les chiots ne doivent pas risquer de se retrouve pendus en voulant franchir un obstacle ou en escaladant une barrière. Le plus pratique est un anneau fixé dans un mur auquel vous pourrez accrocher la chaîne. Il faudra dégager tout obstacle du périmètre dans lequel les chiots attachés vont évoluer.
Il sera aussi nécessaire de s’assurer que les chiots ne se retrouvent pas en plein soleil.
Exercice 4 : Monter et descendre de voiture
Il est utile que les chiens de protection puissent être déplacés en voiture, ne serait-ce que pour aller au cabinet vétérinaire en cas de besoin. Quand ils sont encore petits, il faudra les porter pour les monter et les descendre de la voiture afin d’éviter qu’ils ne se blessent.
Leur donner un ordre pour monter et un ordre pour descendre. Ce dernier ordre indiquera au chien qu’il ne doit descendre qu’après l’avoir entendu et pas simplement lorsque la portière s’ouvre.
Exercice 5 : Découvrir le monde extérieur
Pour le bon développement mental et émotionnel de vos chiots ils doivent absolument découvrir des situations variées dans des milieux différents du troupeau. Je vous encourage en particulier à leur faire découvrir le milieu urbain avec ses parking goudronnés, ses routes, ses feux rouges, tous les bruits de la ville et ses habitants divers et variés.
Au tout début laissez simplement le chiot dans la voiture ouverte afin qu’il découvre l’extérieur en sécurité. Puis posez le juste à côté de la voiture. Par la suite vous pourrez le promener aux alentours avant de partir à la découverte de la ville.
Ces exercices seront ici encore limités à 5-10 minutes selon la maturité des chiots. Lorsque les chiots sont capables de se promener en laisse dans un lieu urbain fréquenté sans éprouver de crainte, l’exercice est acquis.
Exercice 6 : Découvrir une habitation humaine
La découverte de l’habitation des maîtres est aussi un exercice pour stimuler le développement des chiots et les habituer à rentrer dans des bâtiments destinés aux humains. Là encore il suffit de 5 à 10 minutes à chaque séance. Lorsque les chiots sont visiblement à l’aise dans la maison, l’exercice est acquis. Il pourra être renouveler occasionnellement notamment lorsque le troupeau est en chèvrerie pendant la mauvaise saison.
Exercice 7 : Habituer les chiens à la présence des chats et des volailles
Dans les chèvreries, les rongeurs, rats et souris, sont toujours présents. Même si certains chiens en attrapent ils ne sont pas capables de gérer efficacement leurs populations. Les chats restent la meilleure façon de contrôler ces rongeurs indésirables de façon écologique. Il est donc nécessaire que les chiots soient mis en présence de chats dès leur arrivée. Le contact doit être rapproché et il faut que les chats soient bien évidemment manipulables et confiants avec leurs maîtres.
De la même façon il faut éduquer les chiots à respecter les volailles ce qui est un excellent entraînement pour leur apprendre ultérieurement à respecter les cabris.
6 – Alimentation des chiots
Tous mes chiots et mes chiens sont nourris matin et soir, et à volonté afin d’éviter de créer des compétitions et tensions inutiles au moment du nourrissage. Après chaque repas il doit rester des croquettes dans les gamelles.
Mes chiens sont toujours nourris en dehors du troupeau afin de ne pas créer de concurrence ou de réactions de défense envers les chèvres qui raffolent des croquettes. Les chiots et les chiens adultes mangent ensemble.
Les chiots de protection doivent réaliser des croissances modérées. Ils ne sont pleinement adultes qu’à l’âge de trois/quatre ans. Il est très important d’utiliser un aliment de type 25 % de protéines et 15 % de matières grasses à distribuer en deux repas par jour. Par exemple le MEDIUM ADULT de Royal Canin. A bannir toutes les croquettes chiots de grande race.
Sur le sujet des croquettes sans céréales il faut savoir que les chiens de protection ont été traditionnellement nourris avec des bouillies de céréales et très rarement de la viande. Ils ont donc l’aptitude de digérer l’amidon. Inutile donc de se ruer sur des croquettes sans céréales.
Ne surtout pas utiliser des croquettes spéciales CHIOTS DE GRANDE RACE comme du Giant Puppy.
Ne donnez aucune complémentation en calcium mais vous pouvez par contre enrichir régulièrement les croquettes avec des oligoéléments qui participent activement à la construction de l’immunité et donc de la santé. Des œufs peuvent également être rajoutés à la gamelle plusieurs fois par semaine, coquille comprise, même si tous les chiens ne les consomment pas.
Il est inutile de mettre la main dans la gamelle ou de retirer la nourriture du chien pour montrer que vous êtes le maître. Laissez vos chiots et vos chiens manger tranquillement loin de toute perturbation et ne leur imposez pas une discipline stricte pour les autoriser à manger. Vous éviterez ainsi tous les problèmes liés à la protection de ressources si la même stratégie a été appliquée pendant les premières semaines de vie chez le naisseur.
7 – Vers un chien de protection idéal
Il est important de choisir des chiots avec un patrimoine génétique connu auprès d’éleveur reconnus pour leur travail de sélection.
En termes d’efficacité de protection le résultat tient à la combinaison de 7 facteurs :
- Le patrimoine génétique du chien
- La méthode d’élevage du naisseur
- La méthode de mise en place
- Le travail des chiens en meutes familiales
- L’implication du berger
- Le suivi du placement
- La qualité des clôtures qui doivent contenir les chiens.
Si l’une des composantes est défaillante le résultat final sera tout aussi défaillant. L’impact du naisseur est déterminant dans l’expression du potentiel génétique.
La stérilisation : je suis contre et voici pourquoi
ATTENTION ne pas confondre stérilisation et contrôle des naissances
Texte du Docteur Emmanuelle Titeux, Praticien hospitalier, spécialisée en médecine du comportement à l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort.
Points intéressants pour la santé:
- Les animaux stérilisés développent plus de cancers et à un stade plus précoce (effets à long terme de la LH par absence de rétrocontrôle).
- Il ne suffit pas d'adapter l'alimentation des chiens stérilisés pour répondre au problème d'obésité entraîné par la stérilisation. Les données montrent que cela ne marche pas : seuls 10 % des chiens stérilisés obèses mis au régime perdent du poids, et parmi eux 40% reprennent le poids perdu dans les mois suivants.
- On a longtemps dit que les animaux stérilisés vivaient plus longtemps, mais c'était basé sur une publication faite à partir d'une clientèle américaine (les animaux entiers étaient peu médicalisés, non vaccinés, et appartenaient à une population plus précaire). Ce n’est donc pas transposable à la situation de nos chiens et il faut revoir cette idée.
Sur le comportement :
- Les effets bénéfiques sur les comportements sexuels et les fugues sont contredits par certaines études dès les années 1970.
- Dès les années 1990, Farrel montre que les chiennes Berger Allemand stérilisées deviennent nettement plus agressives. Il conclut sur le fait qu'il ne faut pas stériliser les chiennes agressives.
- L'étude de Farhoody (2018) sur plus de 13 000 chiens invalide l'idée selon laquelle il y aurait un lien entre stérilisation et agressivité, la stérilisation ne modifiant pas les comportements agressifs du chien.
- Les individus peureux doivent être stérilisés le plus tard possible: à chaque période de chaleurs, une chienne progresse et son comportement évolue positivement. Si on la stérilise à 6 mois, on « fige » les problèmes comportementaux en l'empêchant d'évoluer.
- La testostérone module l'agressivité: En castrant un chien, on augmente son risque d'agressivité sur les humains (voire sur les congénères).
ALORS, QUE FAIRE?
- Jamais de stérilisation précoce avant l’âge de deux ans pour les grands chiens.
- Pour les mâles, la castration chirurgicale ne présente aucun intérêt. Pour empêcher la reproduction, il y a la vasectomie (simple et avec moins d'effets secondaires) et en présence de comportements sexuels indésirables, on peut faire usage uniquement de l'implant (la production de LH et de testostérone est pulsatile et non stable dans le temps, elle diminue avec l'âge. Il est possible de poser un implant quand un problème survient).
- Les problèmes comportementaux doivent être gérés par une prise en charge comportementale (expliquer qu'on ne peut garantir aucun effet positif par la stérilisation).
- Pour les femelles, la décision doit se faire au cas par cas (race, profil comportemental, contexte de vie, ...). La ligature des trompes permet d’éviter les naissances non désirées en ne modifiant pas le système hormonal de la chienne qui gère tout son métabolisme.
Avant de prendre une décision, vous voulez en savoir plus la stérilisation ? Je vous conseille l’excellent ouvrage du Dr Vétérinaire Joël Dehasse publié en 2017 :
« La stérilisation du chien : pour et contre ? Effets physiologiques et comportementaux »
Enfin la stérilisation perturbe fortement le fonctionnement de la peau et de la fourrure. Mes chiens ne sont pas stérilisés, ni lavés, ni brossés ... jamais ! Et ils ont de magnifiques fourrures qui s’entretiennent sans aucune intervention humaine.

NAYA du Hogan des Vents en fourrure d’été
Lorsque les chiens sont stérilisés avec retrait des gonades (ovaires ou testicules) ils n’arrivent plus à muer de façon naturelle. Leur fourrure prend un aspect sale et miteux propice aux problèmes de peau comme le Hot Spot. Elle feutre donnant des dreadlocks qu’il faut alors éliminer au ciseau. Elle les protège aussi beaucoup moins bien des intempéries.
Des chercheurs ont également mis en évidence que la stérilisation avait un impact négatif sur le microbiote intestinal, et donc sur la santé générale. S’il fallait encore vous convaincre de préserver les hormones de vos chiens car elles régulent tout le métabolisme.
Conclusion
La méthode que je présente dans cet article a largement fait ses preuves depuis de nombreuses années partout en France et à l’étranger. Pour ceux qui avaient auparavant utilisé la méthode « conventionnelle du chiot unique » puis testé celle-ci, ils m’ont tous témoigné que « c’était le jour et la nuit ». Les chiots deviennent des chiens équilibrés et sereins. La relation au maître est très agréable à vivre au quotidien.
TOUS LES EXERCICES proposés doivent être rigoureusement réalisés même si vous n’en voyez pas une utilité immédiate. Ils sont TOUS IMPORTANTS pour une bonne gestion de vos chiens de protection.
Éduquer des chiots pour la protection des troupeaux n’est en définitive pas si compliqué mais demande un investissement en temps incontournable pendant une durée minimale de deux ans. L’apprentissage après trois mois sera d’autant plus rapide que les chiots auront été stimulés durant les trois premiers mois de vie par un contact permanent de la portée avec des chiens adultes compétents et entourés de l’affection de leur naisseur. Avoir recours à une bonne génétique est bien sûr essentiel. Elle fait pourtant toujours cruellement défaut en France faute de programmes de sélection nationaux spécifiques aux chiens de protection.
Les chiens de protection accomplissent chaque jour des prouesses en protégeant avec discernement leurs troupeaux, parfois au péril de leur vie. Les observer est pour moi une source d’émerveillement permanent. Et aussi un enseignement évolutif que j’essaie de transmettre afin que chiens de protection et éleveurs vivent dans la complicité et l’harmonie pour le plus grand bien de leurs troupeaux.
Les deux premières années sont éprouvantes pour les débutants qui naviguent entre émerveillement absolu et désespoir le plus total en fonction du comportement de leurs chiots. D’où l’intérêt d’être encadré par un véritable expert du sujet capable d’analyser, de rassurer, de proposer et d’encourager.
Le suivi des chiots pendant le premier mois se fera à l’aide du questionnaire que vous trouverez en ANNEXE. Il est essentiel d’informer régulièrement le naisseur afin qu’il détecte précocement tout comportement déviant. De mon expérience de maintenant 30 ans, j’ai constaté que les nouveaux utilisateurs de chiens de protection commettent très rapidement, et involontairement bien sûr, des erreurs qui peuvent compromettre fortement la bonne intégration des chiots. Cela conduit souvent à un replacement de chiens qui seraient pourtant devenus de formidables protecteurs.
ANNEXESExemple de calendrier d’exercices à réaliserpendant les quatre premières semaines suivant l’arrivée de chiots de trois moisdans une nouvelle exploitationFiche d’évaluation du chiot pour évaluer sa progression





(1) source : https://observatoireduloup.fr/carte-de-dispersion-du-loup-en-france/
(2) Le débutant et le chien de protection
http://hogandesvents.nutritionverte.com/le-debutant-et-le-chien-de-protection.html
(3) Les chiens de Montagne des Pyrénées du Hogan des Vents
http://hogandesvents.nutritionverte.com/montagne-des-pyrenees.html
(4) Le drame du chien de protection en France. Mathieu Mauriès, 2024.
http://hogandesvents.nutritionverte.com/le-drame-du-chien-de-protection-en-france.html
(5) Le Montagne des Pyrénées, chien de protection de troupeaux (2ème édition). Avenir édition, 2023.
http://hogandesvents.nutritionverte.com/livre-chiens-de-protection.html
(6) Dr Jean Francois Mousny - vétérinaire homéopathe uniciste