LE BOULEDOGUE FRANÇAIS ANCIEN TYPE
Analyse d’une renaissance encore très fragile
Bilan de 17 années d’élevage

Les Bouledogue français des origines : caille et bringé des années 1900

SOMMAIRE

1 - Plus qu’un élevage, un écosystème

2 - Le programme de sélection du Hogan des Vents

3 – Le cheptel reproducteur du Hogan des Vents

4 – Les résultats techniques de l’élevage du Hogan des Vents

5 – Le coût de la sélection

6 – Quel avenir pour le Bouledogue français Ancien Type ?

 

PREAMBULE

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au Bouledogue français, il y a une vingtaine d’années, j’étais totalement ignorant de tous les problèmes de santé qui affectaient cette race. A l’époque j’ai découvert le Bouledogue français dans les élevages qui excellaient dans le monde des expositions. J’ai ainsi fait l’acquisition de chiens très typés dont la reproduction passait presque exclusivement par des césariennes à la mise-bas. J’élevais déjà des Montagne des Pyrénées pour leur rusticité et leur aptitude au travail sur troupeau. J’ai rapidement été choqué par les pratiques des éleveurs de Bouledogue français comme le recours systématique aux césariennes ou à l’insémination artificielle. Je me suis alors penché sur l’histoire de ces petits chiens très attachants. De grands chiens dans un petit corps comme je les ai bientôt définis, moi qui n’avais auparavant aucune inclination envers les petits chiens.


VIRGINIE de la Font de Nîmes dans les bras de Mathieu en 2008,,

une de mes premières chiennes Bouledogue français, fille de THEOPHANIE (sans affixe).


 
Et l’histoire du Bouledogue français (2) montrait des chiens très différents de ceux qui trottaient poussivement dans les rings d’exposition. En un siècle, ces petits chiens vifs et enjoués, qui chassaient les rats dans les écuries parisiennes, ont été totalement transformés en chiens souffreteux, incapables de respirer, de digérer et de se reproduire de façon naturelle. Ce constat m’a accablé. J’ai alors mis mes compétences de scientifique (1) au service de la renaissance du Bouledogue français de Type Ancien.


Bouledogue français du type ancien, caille et bringé

A noter sur ce document l’ouverture des narines qui fait cruellement défaut au Bouledogue moderne pour lequel le recours à la chirurgie est souvent inévitable afin d’ouvrir les voies respiratoires. Rien n’est pire pour l’organisme que de le priver d’oxygène.


 
Mes petits Bouledogue ont trouvé leur place au sein de ma ferme sur laquelle j‘élevais déjà des moutons, des chèvres, des vaches, des ânes, des volailles et des chiens de protection. Je les ai ainsi labellisés « Bouledogue français fermiers – Made in Hogan des Vents ». Le début d’une grande Aventure, mais pas d’un long fleuve tranquille.

Dans certains pays étrangers des croisements sont maintenant autorisés pour « améliorer » les Bouledogue français. Je considère cependant que la population française de chiens NON LOF est largement suffisante pour pratiquer une sélection éclairée sans qu’il y ait besoin de recourir à des croisements avec d’autres races de chiens. Je n’ai donc élevé que des Bouledogue français, sans aucun croisement avec quelque autre race que ce soit.

Compte tenu de la politique d’élevage de la Société Centrale Canine (SCC) beaucoup trop laxiste selon moi sur le bien être de ces petits chiens, j’ai également arrêté d’inscrire mes chiots Bouledogue français dans ce livre généalogique. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase c’est lorsque le mode de naissance (naturel ou césarienne) a disparu dans les déclarations de naissance de la SCC ...


Le Bouledogue français est issu de croisements entre des terriers français et des Toy-Bulldog anglais à la fin du 19ème siècle.

Le premier Club de race fut fondé en 1880 à Paris. En l’espace d’un siècle la morphologie du Bouledogue français a été totalement modifiée pour aboutir à des chiens hypertypés, victimes de problèmes de santé catastrophiques, en détresse respiratoire permanente, incapables de se reproduire et condamnés à des vies de misère.

Cette photo montre un champion Bouledogue français de 1920. Quelle différence avec les champions actuels.


 Le travail de l’élevage du Hogan des Vents a été de faire face à un siècle de mauvaise sélection ayant complètement transformé les Bouledogue français d’origine – des chasseurs de rats – en chiens de canapés souffrant de multiples pathologies invalidantes.

L’élevage c’est de la chance, de la malchance, de l’intuition et des compétences. Le hasard a tout à fait sa place dans le processus de sélection. C’est ainsi que des saillies accidentelles, absolument pas prévues ni recherchées, peuvent produire des chiens tout à fait intéressants pour le travail de sélection. J’en ai fait plusieurs fois l’expérience. En élevage, la règle N°1 est qu’il n’y a pas de règles comme tant de personnes voudraient nous le faire croire.

Ma sélection a progressivement écarté les hypertypes du Bouledogue (dos très court, grosse tête à face très écrasée, musculature très imposante, incapacité à l’exercice physique) qui conduisent à de nombreux soucis de santé sur les chiens. Sans compter l’impossibilité pour les mâles de saillir et pour les chiennes de mettre bas naturellement. J’ai privilégié les modèles harmonieux et plus légers en tête. A sa création le Bouledogue français était en effet beaucoup plus léger en apparence que les actuels Bouledogue d’exposition. Les photos anciennes le montrent clairement. C'est vers ce type d'origine que s'est orienté mon travail de sélection.

En 2011, dans la revue du Club du Bouledogue français (CBF - bulletin N°1) il est intéressant de noter les conclusions d'un article passionnant du Professeur Vétérinaire Gerhard Oechtering :
«  Il est grand temps de repenser en profondeur les critères de sélection des races brachycéphales [comme le Bouledogue français]. La brachycéphalie est uniquement induite par l'Homme ... Les Fédérations et les Clubs de Races et leurs conseillers scientifiques sont confrontés au défit de sauvegarder ces vieilles races. Malgré quelques efforts, les standards de race doivent être encore modifiés, et être basés sur l'état de santé de l'animal et non pas seulement sur son apparence. Avoir un museau un peu plus long ne va pas altérer la personnalité unique de ces chiens. ». Force est de constater que les choses ont bien peu évolué depuis cette époque.

Pour sélectionner il faut produire beaucoup de chiots, trier et écarter de la reproduction les chiens présentant des défauts majeurs. Plus la pression de sélection est forte, plus le progrès génétique est rapide. En effet choisir un futur reproducteur parmi cinq chiots ou le choisir parmi vingt chiots, c’est très différent. Dans le deuxième cas la pression de sélection est beaucoup plus forte donc plus efficace. Le progrès génétique transmis aux futures générations n’en sera alors que plus rapide.

Il faut avoir le courage de prendre les bonnes décisions dans ce monde où la sensiblerie a remplacé la sensibilité et l’intuition. De mon expérience de 45 ans dans le monde de l’élevage je dirais que, dans une génération donnée, les animaux exceptionnels par leur valeur génétique ne représentent que 1 à 2 % des naissances. Pour les faire naître, à moins d’un coup de chance tout aussi extraordinaire, il faut donc faire naître beaucoup de jeunes. De la même façon, j’ai conclus que pour obtenir une bonne chienne de reproduction, il fallait en élever quatre. Plus la sélection est avancée, au-delà de quatre générations pour une même lignée, plus les chances d’obtenir des chiens aux caractéristiques bien définies sont importantes. C’est ce que j’ai constaté dans mon cheptel. Bien sûr cela demande beaucoup de temps et d’efforts.

TESSA du Hogan des Vents en 2022



J’ai consacré 17 ans à redonner vie au Bouledogue français tel qu’il était à ses origines. Cependant faire face à 100 ans de mauvaise sélection ayant abouti à des morphologies catastrophiques n’est pas simple.

Malgré mon travail de sélection il est arrivé que certains de mes chiots concentrent de mauvais gènes et ressortent avec un hypertype physique. Sur le nombre, ils sont très peu nombreux. Et je suis resté quand même très loin des césariennes systématiques et des opérations quasi obligatoire des Bouledogue modernes pour le voile du palais, les narines ou encore les hernies discales. Aucun éleveur ne peut garantir la bonne santé future d’un chiot, même s’il fait tous les tests génétiques possibles et imaginables. Le travail avec le vivant ne peut en aucun cas apporter de garanties absolues.

Une fois qu’un chiot a quitté l’élevage, l’éleveur n’a plus aucune prise sur son environnement, son éducation ou son alimentation. C’est la raison pour laquelle j’ai mis au point un protocole d’éducation très précis dans lequel il est mentionné que le nouveau propriétaire doit me contacter au moindre problème avec son chiot. Dans ce protocole j’ai inclus des fiches d’évaluation. Elles visent à de suivre l’évolution du chiot pendant son premier mois dans sa nouvelle famille, et le cas échéant, à apporter des conseils appropriés à la situation. Ce document est très simple et très rapide à remplir mais très peu de propriétaires de mes chiots me le retournent ...


1 - Plus qu’un élevage, un écosystème

J’ai toujours cherché à favoriser dans ma ferme le développement d’un environnement microbien favorable à la santé. Je considère mon élevage comme un véritable écosystème. Quels que soient les élevages pratiqués, le premier animal qui est élevé par l'éleveur est le microbe. Les techniques que j'utilise visent à développer sur l'ensemble de ma ferme une population de microbes favorables à mes chiens, mes chèvres, mes vaches, mes ânes et mes brebis, population dont le rôle principal est de contrer le développement des microbes pathogènes et des parasites. Cela vise également à stimuler le développement d'une immunité naturelle chez les jeunes animaux en laissant survivre une population résiduelle de pathogènes sans que leur action négative puisse s'exprimer. Tout est question d’équilibre, toujours.

Ainsi mes chiens vivent dans de petites cabanes en bois sur des litières de paille accumulée, régulièrement ensemencées par des mélanges de bactéries type kéfir. Les parois de mes cabanes sont elles-mêmes isolées par des murs de paille. Dès que les températures tombent en dessous de 10 °C chaque cabane est équipée d’une lampe chauffante qui fonctionne 24 heures sur 24 pendant tout l’hiver. Un confort clairement apprécié par les chiens.

Je ne désinfecte jamais mes locaux d’élevage bien que ce soit une obligation réglementaire ... J’ai largement démontré dans mon article « Le drame du chien de protection en France » combien les normes sanitaires imposées par les administrations françaises peuvent être absurdes et sans fondements scientifiques (4). C’est le cas des désinfections systématiques qui participent à la sélection de pathogènes toujours plus résistants aux traitements médicamenteux et aux désinfectants. Mes gamelles ne sont jamais désinfectées, elles sont juste rincées à l’eau claire.


HEYDI du Marquis de Longuelance et ses chiots en 2015.


Mes chiennes Bouledogue mettent bas sur la paille dans laquelle elle creuse un nid. Comme dans la Nature, les mises- bas se déroulent très souvent la nuit dans l’obscurité. Je n’interviens pratiquement jamais. Si c’est le cas, j’ai recours à des remèdes homéopathiques pour aider à la mise-bas. J’utilise aussi l’homéopathie de façon très efficace pour le contrôle des mammites et des diarrhées chez les chiots. Je n’ai jamais rencontré de problèmes de pyomètre sur mes chiennes.

Je laisse les chiennes gérer toute seule l’arrivée de leurs bébés que je découvre avec joie le matin suivant. Une fois la mise-bas terminée, la mère et les chiots sont rapatriés à la maison pour une surveillance plus rapprochée.

Toutes mes chiennes sont nourries à la viande pendant la phase d’allaitement de même que les chiots jusqu’à leur départ de la ferme car cela influence favorablement leur état de santé à l’âge adulte (7). En dehors de ces périodes mes chiens reçoivent des croquettes de qualité.


Chiots de HASTANIE du Hogan des Vents & ESTOM Anima canis nés en 2015.


Mon objectif est de stimuler l’immunité naturelle d’où une très fortes limitation de tous les traitements chimiques, particulièrement chez les jeunes animaux. Mes chiens sont capables de se promener sous la pluie et de courir dans la neige sans les petits manteaux à la mode ou pire la poussette à chien.


ESTOM Anima canis encore tout bébé


Elever un chien rustique ne se fait pas dans un univers aseptisé. Mes chiens et mes chiots ne reçoivent qu’un seul vaccin CHPPi dans toute leur vie. Les adultes ne sont jamais vermifugés. Les chiots ne le sont que très rarement. Une seule fois au cours de leurs trois premiers mois de vie, et uniquement si cela s’impose. Je limite les traitements contre les puces des chiens adultes à un ou deux traitements maximum par an (5).

Pour en savoir plus sur ce sujet je vous invite à regarder le tout nouveau et très pertinent documentaire de Marie-Monique Robin intitulé « Vive les microbes » (2024, 1h35mn). Toutes les réflexions que j’ai développées sur la santé des chiens en élevage sont décrites dans le chapitre « Santé » de mon ouvrage sur le Montagne des Pyrénées paru en 2023 (6).

Néanmoins j’ai eu recours à des protocoles de vaccination spécifiques lors des épidémies de parvovirose et d’herpèsvirose qui ont touché mon élevage. Je ne me prive donc pas d’utiliser les thérapeutiques conventionnelles lorsque cela est nécessaire.

De façon générale, je traite tous les problèmes de santé par l’homéopathie avec l’aide de mon vétérinaire homéopathe uniciste qui consulte en visioconférence. Il y a bien longtemps que je n’utilise plus d’antibiotiques ou d’anti-inflammatoires.

Contrairement à une pratique courante chez les éleveurs de chiens, mes chiots quittent l’élevage à douze semaines minimum et pas aux huit semaines règlementaires. Les bébés restent au sein de ma meute afin de bénéficier des interactions au sein de leur fratrie et de profiter de l'éducation transmise par les adultes. Entre huit et douze semaines ils acquièrent beaucoup de compétences et d’assurance dans un univers sécurisé par leur éleveur et les autres chiens. Cela facilitera grandement leur adaptation à un nouvel environnement, notamment l’apprentissage de la propreté.




TEMOIGNAGE de Corinne, éleveuse de Bouledogue français

Je confirme !!! Pour la petite histoire, des chiots récupérés à deux mois dans d'autres élevages ont toujours insupporté Feng, mon mâle Sharpei ... mais à un point que même encore aujourd'hui qu'ils sont adultes, il les envoie continuellement bouler et supporte à peine d'être approché par eux. Alors que les deux chiots pris à trois mois chez Mathieu n'ont pas du tout eu la même approche du vieux Feng et vice versa. Là où avec les autres, Feng doit en permanence donner des coups de gueule, avec Oudini et Piper, ce ne sont que jeux, entente et respect mutuels.

Le sens de la hiérarchie était acquis à trois mois, alors qu'à deux, non seulement il ne l'était pas à l'époque, mais quelque chose cloche au point de le rester, vraisemblablement, à vie ...


2 - Le programme de sélection du Hogan des Vents

Mon programme de sélection pour le Bouledogue français Ancien Type (3) est en fait la recette pour obtenir des chiens rustiques, aimables et en bonne santé.

La sélection c’est choisir, sur des critères définis pour leur pertinence, et quantifiables, les meilleurs individus dans une population déterminée, à un instant donné, afin qu’ils deviennent les parents de la génération suivante.

Il est vital pour la pérennité de la population de conserver dans le choix des reproducteurs une indispensable variabilité génétique. Cette variabilité génétique est en effet garante de la capacité d’adaptation des animaux à une évolution du milieu dans lequel ils vivent notamment par rapport à l’arrivée de nouveaux agents pathogènes.

Les éleveurs modernes en sont arrivés à sélectionner – à travers une myriade de tests – des chiens qui ne sont pas malades au lieu de sélectionner des chiens en bonne santé. La nuance est de taille et ses implications dramatiques. Car plus on cherche à sélectionner des chiens qui ne sont pas malades, plus on en produit. C’est une impasse totale.

Aurions-nous oublié qu’un chien en bonne santé c’est juste l’état normal d’un chien ? Il est grand temps de sélectionner la globalité du chien dans une approche holistique en privilégiant le naturel à l’artificiel.

Sélectionner est un processus qui doit conduire à la production d’animaux dont l’aspect et le comportement sont hautement prévisibles. Dans ce processus, génération après génération, se fixent dans la lignée les caractéristiques fonctionnelles qui vont rendre un chien fiable et opérationnel pour la fonction qu’il doit remplir. Pour le Bouledogue français, cette fonction est de nos jours de se comporter en agréable compagnon de vie sans créer de tracas à son propriétaire.


Quelques chiens fondateurs de l’élevage du Hogan des Vents

GANDALF du Hogan des Vents, FOLIE du Hogan des Vents, DELIA du Hogan des Vents, ESTOM Anima Canis & FEE du Chant des Lavandes.


La sélection sur la posture dans les expositions canines conduit à faire émerger et concentrer les problèmes génétiques alors que la sélection sur la fonctionnalité les écarte.

Un programme de sélection c’est un ensemble de critères, précisément définis, permettant de quantifier chaque individu d’une population pour les comparer les uns aux autres. Pour être efficace la sélection doit être une œuvre collective, loin des querelles de clochers, incluant le plus grand nombre de chiens possible. Entre jalousie, mensonges, ragots et incompétence, les éleveurs français sont loin du compte. Je ne peux que le constater et le déplorer depuis de nombreuses années.

Pour chaque critère évalué, une notation est donnée de façon à obtenir au final une note de synthèse pour chaque chien. Cette note comprend les caractéristiques favorables pour la compagnie et la capacité à se reproduire, indispensable à la survie de toute population animale. Plus la note finale est élevée plus le chien est complet et compatible avec une vie de famille, et plus il intéressant pour la reproduction.

Ainsi dans mon programme de sélection, la note de synthèse est la résultante de trois évaluations :


La note 30 représente le chien parfait sur tous les plans.

ATTENTION cette note reste un indicateur.

Elle doit être interprétée en fonction des objectifs de l’éleveur et de la connaissance approfondie qu’il aura de ses lignées de chiens. Elle ne doit surtout pas être utilisée de simple façon mathématique.

En effet une même note de synthèse peut être obtenue avec différentes combinaisons. Ce sera alors à l’éleveur de privilégier les critères pertinents pour sa sélection dans le choix des chiens destinés à la reproduction. La grille proposée doit demeurer un outil d’aide à la décision. Elle pourrait permettre des échanges constructifs entre éleveurs de Bouledogue français afin de favoriser les bons mariages.


2.1 – Les critères fonctionnels chez le Bouledogue français, chien de compagnie : l’aptitude physique


Critère N°1 : La morphologie

La morphologie du Bouledogue français doit être compatible avec des saillies et des mises-bas naturelles. Des corps plus légers que massifs sont recherchés. Le chien s’inscrit dans un rectangle et non pas un carré. Le poids à l’âge adulte (2 ans) devrait se situer en dessous de 15 kg mais des chiens avec des qualités intéressantes ne devraient pas pour autant être écartés de la reproduction pour des poids un peu supérieurs.

La présence d’un petit museau et d’une vraie queue (plus de 2 cm et recouvrant bien l’anus) sont des critères recherchés dans la sélection.

Les aplombs sont recherchés bien droits, des pattes très arquées sont éliminatoires (note = 0).


Critère N°2 : L’ouverture des narines

Une bonne respiration est synonyme de bonne oxygénation du corps et donc de bonne santé des organes. Des narines ouvertes sont recherchées et les narines pincées sont à éviter dans la mesure du possible.


Les premières générations du Hogan des Vents

CECINA de la Font de Nîmes, DELIA & FALABELLA & GANDALF du Hogan des Vents.


Critère N°3 : Les mâchoires

Le standard actuel du Bouledogue français [Standard F.C.I. N°101 / 09.04.2015 / FR] accepte les chiens présentant un prognathisme. Ce prognathisme n’est pas recherché dans ma sélection qui doit favoriser l’alignement des dents sur chaque mâchoire et des mâchoires inférieure et supérieure jointives.


2.2 – Les critères fonctionnels en relation avec la rusticité et la reproduction

Le Bouledogue français doit redevenir un chien rustique dont la reproduction ne doit pas poser de problème tant à la saillie qu’à la mise bas.


RELINE du Hogan des Vents et quelques uns de ses chiots en 2023.
 

Critère N°4 : La prolificité des femelles

Caractéristiques requises pour la rusticité : La chienne Bouledogue français doit se reproduire de façon naturelle, à la saillie et à la mise-bas. Elle doit être capable d’allaiter sa portée pendant les trois premières semaines de vie (sans aucun apport alimentaire extérieur pour les chiots comme des biberons) sans maigrir de façon excessive.

La prolificité est le nombre de chiots nés (vivants + morts) à chaque mise-bas.


Critère N°5 : La vitalité des chiots et les qualités maternelles

Caractéristiques requises pour la rusticité : La Bouledogue français doit élever sa portée avec un minimum d’aide du naisseur (principalement surveillance afin de limiter les risques d’écrasement des chiots pendant les deux premières semaines de vie).


UTU & ULYSSE du Hogan des Vents en 2023
 

La vitalité des chiots et les qualités maternelles de la mère seront évaluées pour chaque portée par la productivité numérique définie par le rapport entre le nombre de chiots vivants à 12 semaines et le nombre de chiots nés (vivants + morts).


Critère N°6 : Le déroulement de la mise bas

Caractéristiques requises pour la mise-bas : La chienne Bouledogue français doit mettre bas de façon naturelle sans intervention humaine. Cette aptitude ne sera évaluée que sur des chiennes ayant mis bas au moins 4 fois.


2.3 – Le critère adaptation à la vie de famille : la note « compagnie »

Critère prioritaire pour la vie de famille, le chien recherché est bien équilibré et sympathique. Il ne présente aucune agressivité envers l’humain et ses congénères. Il recherche activement la présence de l’humain.
J’ai mis au point des tests à réaliser sur des chiots de trois mois avant qu’ils ne quittent l’élevage. L’objectif de ces tests est de repérer précocement les chiots qui ne possèdent pas les qualités requises pour espérer devenir ultérieurement des chiens reproducteurs.

A l’image de ce qui se passe en psychologie humaine, de nombreux  questionnaires de personnalité ont été développés pour le chien comme le C-BARQ (Canine Behavioral Assessment and Research Questionnaire) (10). Peu de ces tests ont été validés avec une étude d’héritabilité permettant de pointer des gènes spécifiques. Il s’avère donc très délicat de prédire chez le chiot de compagnie ce que sera son caractère à l’âge adulte. Seule la connaissance d’une lignée sur plusieurs générations permet de prévoir de façon fiable la morphologie et le tempérament des chiots. C’est tout l’objet d’un programme de sélection.


TEMOIGNAGE Bouledogue français Ancien Type : le travail dans la lignée

VIVETTE du Hogan des Vents est née en mai 2024, fille de ROSALIE du Hogan des Vents, elle est la petite-fille d’OPUS du Hogan des Vents & NOUKI du Hogan des Vents, et l’arrière petite-fille de JOLIETTE du Hogan des Vents et de JILIANE du Hogan des Vents.

VIVETTE vit en Belgique. Ce qu’en disent ses gardiens : « Elle est adorable, attachante et en pleine forme. Elle court autant que le berger allemand et elle n'est jamais essoufflée. Quel bonheur de voir un Bouledogue ainsi. C'est votre mérite. Merci à Vous. »



2.4 – La santé

Partant du principe que l’état naturel du chien est de se reproduire sans difficulté et d’être en bonne santé, il n’est pas nécessaire de rentrer dans la spirale infernale des pathologies à la mode et des tests qui les accompagnent.

A termes un chien ou une chienne qui rencontreraient des problèmes de santé invalidants (respiration difficile et ronflement permanent) ou des problèmes de reproduction (saillies impossibles pour le mâle ou césarienne obligatoire pour la chienne) devra être systématiquement écarté(e) de la reproduction.


2.5 – L’utilisation de la consanguinité

J’ai utilisé la consanguinité pour fixer des critères de rusticité dans mes lignées, tels que la facilité de mise-bas. Néanmoins étant le seul éleveur travaillant à la reconstruction du Bouledogue français originel, j’ai été contraint d’utiliser de fort taux de consanguinité.

L’utilisation de la consanguinité est conditionnée par la balance risques/bénéfices. L’exemple de la naissance de SABA du Hogan des Vents est à ce titre très démonstratif des effets négatifs de l’excès de consanguinité et aussi de son intérêt.

SABA est issue d’un mariage frère x sœur à une époque où je manquais de ressources en étalons extérieurs à mes lignées d’origine. Six chiots sont nés naturellement de cette union. Rapidement dès les premiers jours cinq chiots sont décédés ne laissant en vie qu’une petite femelle maigrichonne. Elle a péniblement survécu jusqu’à ses trois semaines avant de se développer de façon spectaculaire pour devenir une magnifique chienne.

En trois mises-bas naturelles, SABA a produit 14 chiots ce qui est une performance tout à fait honorable malgré son taux élevé de consanguinité. C’est également une chienne en pleine santé avec un caractère en or.
Je me souviens avoir lu dans une revue très ancienne, le témoignage d’une éleveuse de terriers anglais disant que, d’après son expérience, l’utilisation de la consanguinité était optimisée dans les mariages entre grands-parents et petits-enfants.


SABA du Hogan des Vents née le 2 février 2021

(OPUS du Hogan des Vents x OUTA du Hogan des Vents)
 

Le potentiel génétique est une chose, mettre en place les conditions nécessaires pour l’exprimer en est une autre.

Cela signifie que le meilleur des chiots peut être gâché par des pratiques inappropriées de son propriétaire ou un environnement nocif. Les premières semaines de vie des chiots et la façon dont ils sont éduqués par l’humain sont tout aussi déterminantes dans l’expression de leur comportement ultérieur en tant que chien de famille (9).

Produire des chiots ne consiste pas simplement à mettre en présence un mâle et une femelle en chaleur. Le choix des géniteurs, pour les qualités spécifiques qu’ils transmettent à leur descendance, est déterminant. Il faut donc connaître précisément les généalogies des chiens concernés sur plusieurs générations, avec leurs qualités et leurs défauts, de façon à favoriser les bons « mariages ».

Les généalogies de mes Bouledogue français sont maintenant enregistrées chez Alliance Française Canine (AFC). Une association d’éleveurs dont l’ouverture d’esprit et le sérieux m’ont tout de suite séduit.


Chiots de GANDALF du Hogan des Vents & HEYDI du Marquis de Longuelance nés en 2015.
 

3 – Le cheptel reproducteur du Hogan des Vents

Créer une lignée solide, c’est avoir produit au moins quatre générations consécutives de femelles afin de fixer les caractéristiques recherchées comme la facilité de respirer ou de mettre bas.

L’objectif de base est de créer une lignée femelle en allant chercher régulièrement à l’extérieur de nouveaux mâles. L’intérêt de ces mâles restera à confirmer pendant leurs premières années d’utilisation en observant les performances de leur descendance. Cela nécessite de mettre au monde de nombreux chiots pendant de longues années. C’est un travail de fond, il n’y a pas de raccourcis possibles.

La structure qui a accueilli mes chiens était composée de dix box avec une courette répartis sur ma ferme. Dans chaque box je logeais en général un mâle et deux femelles. Les chiennes avec leurs chiots – âgés de trois semaines à trois mois – étaient la plupart du temps isolées dans un box. Certaines chiennes acceptaient la présence d’un mâle doux avec les bébés. Tous les chiens avaient accès à un grand parc dans lequel je sortais, tout au long de la journée, les groupes par affinités. Dès l’âge d’un mois, les chiots étaient mis régulièrement en contact, sous mon contrôle permanent, avec les autres chiens de la meute.


THEOPHANIE (sans affixe) la première Bouledogue français adulte dont j’ai fait l’acquisition, a produit 16 chiots en 4 mises-bas naturelles. Elle s’est éteinte à la ferme à l’âge de douze ans. Elle a aujourd’hui de nombreux descendants.
 


Dans ma sélection j’ai privilégié les couleurs d’origine du Bouledogue français : le caille et le bringé. Néanmoins pour répondre à certaines demandes j’ai toujours eu une femelle fauve dans mon cheptel et des chiennes caille fauve. Je me suis cependant refusé à introduire les couleurs exotiques à la mode parmi mes reproducteurs.


Les 20 mâles utilisés dans le programme d’élevage du Hogan des Vents :

ARISTOTE (sans affixe) (caille fauve)

ESTOM Anima canis (bringé)

EROS For Stefanel du Vallon de Beaumont (caille fauve)

Fancibul ROYAL FLUSH at Vallon de Beaumont (bringé)

GANDALF du Hogan des Vents (bringé)

GAUVIN du Hogan des Vents (caille fauve)

HIROS du Marquis de Longuelance (bringé)

LEGOH (sans affixe) (bringé)

OURSO (sans affixe) (bringé)

ORGON du Hogan des Vents (caille)

ORION du Hogan des Vents (caille)

OPUS du Hogan des Vents (caille)

PAX du Hogan des Vents (bringé)

SPARROW (sans affixe) (fauve)


Cheptel Hogan des Vents actuellement en reproduction :

POKER de l’Ecurie Royale (caille)

SAVES du Hogan des Vents (caille fauve)

TRESOR EEM (caille) petit-fils de ROCKEPINE du Hogan des Vents

TITUS du Hogan des Vents (bringé)

USTACHE du Hogan des Vents (caille)

USTIK du Hogan des Vents (caille)


JOLIETTE du Hogan des Vents avec une portée de 10 chiots en 2018.
 


Les 35 femelles utilisées dans le programme d’élevage du Hogan des Vents :

THEOPHANIE (sans affixe) (caille)

CECINA de la Font de Nîmes (caille)

VIRGINIE de la Font de Nîmes (caille)

CHARLOTTE de la Marquise de Rascagnac (bringé)

DELIA du Hogan des Vents (caille)

FOLIE du Hogan des Vents (caille)

FALABELLA du Hogan des Vents (caille)

FANTASIA HOGAN du Vallon de Beaumont (fauve)

FARA du Hogan des Vents (caille)

FEE du Chant des Lavandes (caille fauve)

GUNDIN du Hogan des Vents (caille)

HASTANIE du Hogan des Vents (caille fauve)

HEYDI du Marquis de Longuelance (bringé)

JILIANE du Hogan des Vents (bringé)

JOLIETTE du Hogan des Vents (fauve)

LUNDINE du Hogan des Vents (caille)

NANUKA du Hogan des Vents (caille)

NOUKI du Hogan des Vents (caille)

OPALE du Hogan des Vents (caille fauve)

OUTA du Hogan des Vents (caille)

PIPER du Hogan des Vents (bringé)

PIPOLINA du Hogan des Vents (bringé)

POPI du Hogan des Vents (fauve)

REGLISSE du Hogan des Vents (bringé)

USTINE du Hogan des Vents (fauve)


Cheptel Hogan des Vents actuellement en reproduction :

REINE du Hogan des Vents (bringé)

RELINE du Hogan des Vents (bringé)

ROSALIE du Hogan des Vents (caille)

SABA du Hogan des Vents (caille)

SANSA du Hogan des Vents (caille fauve)

SATI du Hogan des Vents (bringé)

TALIESIN du Hogan des Vents (caille fauve)

UNIK du Hogan des Vents (bringé)

VICTORIA du Hogan des Vents (caille)

V’HUAINA du Hogan des Vents (caille)


En septembre 2024, j’ai transmis tout mon cheptel de reproducteurs à Sylwia Dauris (11) qui va poursuivre, sur sa ferme dans la Creuse, mon travail de sélection sur le Bouledogue français Ancien Type.

4 – Les résultats techniques de l’élevage du Hogan des Vents


4.1 – Productivité numérique de l’élevage

En 17 ans, 112 portées de Bouledogue français issues de 30 chiennes et 20 mâles sont nés à l’élevage du Hogan des Vents avec les résultats suivants :

 Nombre moyen de portées par chienne reproductrice : 4 portées par chienne adulte. Lorsqu’elles sont réformées de la reproduction ces chiennes sont encore jeunes et en parfaite santé. Dans la mesure du possible je les ai fait partir avec un chiot de leur dernière portée.

 Prolificité moyenne : 5,8 chiots par portée

Au fur et à mesure des années, le nombre de chiots nés par portée – un indicateur de la bonne santé de la lignée – a significativement augmenté. Ainsi dans ces dernières années les portées de 7-8-9 chiots ont été fréquentes.

SIRRAH du Hogan des Vents, une chienne typique de la sélection du Hogan des Vents.
 

 Taux de mises bas naturelles moyen des chiennes : 90 %.
Depuis 2021, sur 13 portées, j’ai obtenu 100 % de mises-bas naturelles. C’est indéniablement le résultat de mon travail de sélection.
NB : Les quelques césariennes pratiquées l’ont été en fin de mise-bas alors que des chiots étaient déjà nés vivants par voies naturelles.
 
 Nombre de chiots nés à l’élevage (vivants +  morts) : 617
 
 Production moyenne annuel de mon élevage : 20 chiots sevrés par an (vendus & conservés pour l’élevage).
Malgré le nombre élevé de chiots nés, le nombre de chiots vendus est nettement plus bas car mon élevage a malheureusement été confronté à plusieurs épidémies dévastatrices.


4.2 – Les records

 Pour le nombre de chiots nés dans une portée : 14 chiots chez RELINE du Hogan des Vents ;


RELINE du Hogan des Vents en 2023, à sa deuxième portée, gestante de 14 chiots tous arrivés à terme.. Après l’expulsion de son septième chiot, une césarienne a été pratiquée pour récupérer les sept suivants. Le numéro huit bloquait malheureusement la sortie.. Pour sa première portée en 2022, elle a mis au monde naturellement 12 chiots dont 11 chiots nés vivants.

 

 Pour le nombre de chiots produits dans la carrière d’une chienne : 41 chiots chez HEYDI du Marquis de Longuelance, une chienne issue d’une mère enregistrée au LOF à titre initial.
 
 Pour le record de diversité dans une portée : le mariage de JOLIETTE du Hogan des Vents (fauve) et GANDALF du Hogan des Vents (bringé) a donné naissance en 2018 à 10 chiots de couleurs caille, caille fauve et bringé.
 
 Pour le nombre de mises-bas naturelles successives : 7 mises-bas chez JILIANE du Hogan des Vents pour 27 chiots nés (3 à 7 chiots par portée). A noter que cette chienne a toujours conservé un remarquable état corporel et qu’elle avait de grandes qualités maternelles. Certaines de ces mises-bas résultent de saillies accidentelles car cette chienne avait des chaleurs très discrètes. JILIANE est partie en retraite cette année à l’âge de 10 ans. Sa dernière fille produite en 2024 avec TRESOR EEM (dont la grand-mère est ROCKEPINE du Hogan des Vents) : VICTORIA du Hogan des Vents, est le modèle parfait du Type Ancien. Elle représente tout l’aboutissement de mon travail.


JILIANE du Hogan des Vents - Bouledogue français bringé - née de façon naturelle (sans césarienne) et ayant elle-même mis au monde sept portées naturellement. Une magnifique morphologie qui respire la santé et un tempérament adorable.

 

 Pour le nombre de départements français ayant accueilli des chiots du Hogan des Vents : 58.
 
 Pour le nombre de pays étrangers ayant accueilli des chiots du Hogan des Vents : 6 soit l’Angleterre, l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, la Belgique et l’Espagne.
 
 Pour le record de longévité connu à ce jour, EDGAR du Hogan des Vents né le 7 juillet 2009 a fêté ses 15 ans le 7 juillet 2024. Depuis son départ de ma ferme, son gardien Guy m’adresse chaque année, pour son anniversaire, quelques photos d’EDGAR. Il a également le record du client le plus fidèle.


4.3 – Les causes de mortalité des chiots

 A mes débuts dans l’élevage du Bouledogue français, je n’avais aucune idée de l’importance de la complémentation en acide folique des chiennes. J’ai ainsi perdu plusieurs chiots de fentes palatines et de becs de lièvre.
La solution a été de complémenter systématiquement les chiennes en gestation avec de l’acide folique 5 mg pendant au moins tout le premier mois de gestation. Le problème a été totalement résolu.

 Pendant plusieurs années la parvoviroseaimablement transmise par un cabinet vétérinaire des Alpes de Haute Provence – a ravagé mon élevage, détruisant des portées entières de chiots. Malgré de nombreux protocoles de vaccination testés, les pertes ont continué très longtemps.
Avec la parvovirose, je perdais les chiots entre deux et trois mois, c’est-à-dire une fois mon travail d’éleveur accompli. C’est absolument dévastateur au niveau émotionnel et catastrophique au niveau financier.
Le seul intérêt – si l’on peut dire – d’une telle épidémie est que tous les chiots qui ont survécu présentaient donc une résistance supérieure à la moyenne. Cet élément a sans aucun doute participé à améliorer la rusticité de mes petits Bouledogue français fermiers par sélection naturelle en renforçant leur système immunitaire.
La solution a finalement été trouvée en collaboration avec l’école vétérinaire de Toulouse. Une vaccination parvovirose systématique des chiots à 6 – 7 – 8 et 9 semaines (Primodog) + les vaccins classiques CHPPi à 12 semaines ont réglé le problème. A noter que tous les chiots que j’ai vendus à d’autres éleveurs et particuliers n’ont jamais exporté cette maladie dans leur nouvel environnement.
Je n’ai jamais vacciné contre la leptospirose car je n’ai jamais eu de cas dans mon élevage.


Ces magnifiques chiots ont tous été emportés par la parvovirose. Un drame pour moi et un gouffre financier dont mon élevage ne s’est jamais vraiment remis.

 

 Puis l’herpèsvirose est rentré dans l’élevage, probablement avec l’arrivée d’un chiot acheté comme futur reproducteur ou à l’occasion d’une saillie extérieure ( ?). Plusieurs portées ont été décimées avant que le problème soit clairement identifié. Il a été résolu par la vaccination systématique des chiennes pendant les chaleurs et deux semaines avant la mise-bas pendant quelques années.




Compte tenu de l’impact dévastateur de la parvovirose et de l’herpèsvirose, le taux de mortalité moyen des chiots sur 17 ans s’établit à 46 % (de 0 % à 100 % selon les portées et les époques). Ce taux a fortement baissé dans les dernières années mais cela ne peut pas compenser les énormes pertes dues à ces épidémies pendant plusieurs années. L’élevage n’a vraiment rien d’un long fleuve tranquille.


5 – Le coût de la sélection

Le coût de la sélection, c’est d’abord 17 années de travail pour moi sans un seul jour de repos. Ce sont les bébés chiens qui restent trois semaines au pied de mon lit avec une surveillance jour et nuit. Cela a été aussi un coût moral énorme quand j’ai dû faire face à la mort de tous ces chiots emportés par des épidémies à l’âge de deux ou trois mois. Des chiots magnifiques sur lesquels j’avais veillé jour et nuit pendant des semaines. Ils étaient promis à de merveilleuses familles dont la déception et la tristesse m’ont miné lorsque j’ai dû leur annoncer le départ prématuré de leur chiot qu’ils attendaient avec tant d’impatience.

Un coût financier de la sélection énorme puisque les charges de l’élevage n’ont reposées que sur la moitié des chiots venus au monde. Autant dire que la rentabilité finale a été très faible et mon salaire dérisoire. Mon élevage n’a perduré que par la passion qui m’animait et les sacrifices que j’ai consentis.

Le coût de la sélection c’est également les chiens et les chiennes achetés dans d’autres élevages. Chiens que j’ai élevés pendant au moins deux ans et qui n’ont rien produit principalement pour des causes de stérilité. Ils ont été replacés comme chiens de compagnie à des tarifs loin de compenser tous les frais qu’ils avaient occasionnés.

Le coût de la sélection c’est aussi « tester » des mâles extérieurs – NON LOF évidemment – sur lesquels il n’existe en général aucune généalogie connue.
Pour connaître la valeur génétique d’un étalon il faut lui faire produire au moins deux filles de deux mères différentes. Les performances de l’étalon sont évaluées sur deux mises-bas consécutives de ses deux filles. La valeur des produits obtenus, évaluées selon mon programme de sélection, permettra de dire si l’étalon est intéressant ou pas pour la sélection. Cette phase de test va donc s’étaler sur au moins cinq années. Si l’étalon en question possède une bonne valeur génétique, il sera possible de conserver ses filles et ses fils pour produire les générations suivantes. Si ce n’est pas le cas, ses descendants devront être retirés de la reproduction. De mon expérience, seuls 30 % des mâles testés se sont révélés intéressants pour la reproduction.

Enfin le coût de la sélection c’est aussi la perte de chiens dans des bagarres. J’ai constaté avec les années que ma sélection sur la rusticité – et implicitement l’aptitude à la chasse aux rongeurs qui était la fonction première des Bouledogue français – faisait ressortir le côté « Terrier » de leur génétique.
Sur ma ferme, mes petits Bouledogue ont régulièrement tué des rats adultes. Dans certaines circonstances, difficiles à prévoir et malgré toutes mes précautions, j’ai perdu quatre chiens adultes tués en moins de cinq minutes dans des bagarres éclair. Cela m’a conduit à éliminer des lignées trop difficiles à gérer au sein de ma meute.

Les chiens ou les chiennes dont la valeur génétique – leur note de synthèse – est inférieure ou égale à 20/30 devraient être systématiquement écartés de la reproduction. Les chiens dont la valeur génétique est supérieure à 25/30 sont de très bons candidats pour fournir de futurs étalons afin de répandre le progrès génétique dont ils sont porteurs. Les mâles sont en effet les meilleurs transmetteurs du progrès génétique.

Pour l’exemple, vous trouverez en ANNEXE 1 l’évaluation de l’étalon OURSO (sans affixe) acheté dans une portée produite par des particuliers. Sa note de synthèse est égale à 19/30. A postériori ce n’était donc pas un bon candidat pour l’élevage. Il avait une très bonne morphologie mais il a produit des chiens craintifs, ou agressifs envers les autres chiens. Lui-même était un chien très timide. Malgré tout certaines de ses filles se sont montrées méritantes et intéressantes pour la reproduction. Il faudra alors veiller à ne surtout pas faire de consanguinité sur cette lignée. Ces filles-là peuvent être bien valorisées en les accouplant avec des mâles totalement étrangers à leurs origines. Par contre ses fils et ses petits-fils ne devront pas être utilisés comme reproducteurs.

Avec dix femelles et six mâles, le noyau d’élevage du Hogan des Vents a été préservé à la ferme de la Valette, dans la Creuse, chez Sylwia Dauris. Sa disparition aurait purement et simplement mis un coup d’arrêt à la renaissance du Bouledogue français de Type Ancien.

HASTANIE du Hogan des Vents et ses chiots en 2015 : l’élevage au Naturel.

 

Soyons réaliste, il est tout à fait impossible de faire de la sélection avec un chien et deux chiennes dans son jardin ou sur son canapé.

En effet il n’y a jamais trop de mâles dans un élevage car ils sont les transmetteurs les plus efficaces du progrès génétique. Encore faut-il que ce progrès soit quantifié ce qui implique de donner une valeur génétique à chaque reproducteur. C’est tout le travail que j’ai réalisé en élaborant un programme de sélection spécifique au Bouledogue français Ancien Type (3).

Le coût de la sélection n’est pas seulement financier, il est aussi physique et émotionnel. Cela représente des milliers de nuits à veiller pendant trois semaines sur chacune des portées de nouveaux nés avant qu’ils ne regagnent leur cabane de naissance.

En moyenne sur ma ferme, pendant 24 ans, ma charge de travail a varié de 70 à plus de 90 heures par semaine, sans jour de repos, sans week-end et sans vacances pour une rémunération inférieure à 1 euro de l’heure.

Beaucoup de larmes et de sacrifices dont les éleveurs qui travaillent actuellement avec mes chiennes, en bonne santé et prolifiques, n’ont aucune idée. Ce sont toutes ces épreuves qui ont forgé la qualité de mes reproducteurs d’aujourd’hui.

RIEN n’est cependant gagné pour le Bouledogue français Ancien Type. Il appartient aux nouveaux éleveurs du type ancien d’augmenter la variabilité du pool génétique en introduisant et en testant un maximum de mâles génétiquement différents des lignées du Hogan des Vents. Si mes lignées peuvent fournir des femelles de reproduction aux caractéristiques solides et maintenant bien fixées, c’est à cette unique condition que l’avenir du Bouledogue français Ancien Type pourra être conforté.

6 – Quel avenir pour le Bouledogue français Ancien Type ?

Le Bouledogue français Ancien Type, c’est aussi un mode d’élevage qui permet d’améliorer la rusticité, la morphologie, le tempérament et les qualités maternelles des chiens, génération après génération. C’est un élevage éthique qui porte des valeurs. Ainsi pas de départ de chiots avant douze semaines afin de favoriser leur bon développement tant physique que mental. Dans le même état d’esprit, je me suis toujours refusé à céder des chiots à des personnes qui les laisseraient seuls toute la journée.

Il est navrant de constater que de nombreux éleveurs n’ont qu’une vision de court terme. Ils sont souvent uniquement motivés par des ambitions financières, pour ce qui concerne les races à la mode comme le Bouledogue français. Le manque de formation scientifique des éleveurs canins français est une malédiction pour nos chiens. Depuis des décennies les chiens dits de « pure race  » dégénèrent faute d’une réelle compréhension de la sélection et de la biologie. Il n’y a pas pire idée que de fermer un livre généalogique (8).

Faire de la sélection se révèle être un travail très ingrat et fort peu rémunérateur. Ceci expliquant cela comme je l’ai démontré dans cet article.

Le Bouledogue français Ancien Type – l’original en fait – n’en est qu’aux balbutiements de son retour. Pendant 17 ans j’ai effectué un énorme travail de sélection avec un cheptel conséquent. Mes lignées maternelles sont solides, mais très réduites en nombre. Il est absolument nécessaire d’en créer de nouvelles et de tester de nouveaux mâles non apparentés aux chiens du Hogan des Vents. C’est tout un travail de recherche et de sélection qui est maintenant entre les mains des nouveaux éleveurs. Espérons qu’ils sauront relever ce défi. Mon programme de sélection est la recette pour atteindre cet objectif, testé, approuvé par mes soins et démontré par mes chiens eux-mêmes.


Chiot caille typique Made in Hogan des Vents en 2023.

 

Le Bouledogue français est un petit chien tout à fait charmant et un agréable compagnon. Il est grand temps de lui rendre sa santé afin qu’il puisse accompagner pendant de nombreuses années, et sans soucis, ses partisans qui sont nombreux partout en France et dans le monde.

Les éleveurs sont en première ligne pour opérer ce changement salutaire mais ils ne sont pas les seuls. Espérons qu’ils entendent ce message déjà diffusé par la profession vétérinaire « Souffrir pour plaire, non merci » et reviennent à la raison pour le plus grand bien de nos boules. En tout état de cause le Bouledogue français reste aujourd’hui encore une race délicate à élever. Il ne faut pas se le cacher. Le travail sur la rusticité est loin d’être achevé.

Les acquéreurs de Bouledogue français quant à eux doivent comprendre que le choix d'un certain type de minois a assurément des conséquences désastreuses sur la santé et le devenir même de leurs compagnons. Des études ont montré que la plupart des maîtres n’ont aucune perception de la détresse respiratoire de leurs chiens. A eux de devenir maintenant des « ConsommActeurs » éveillés dans le choix des éleveurs de Bouledogue français auprès desquels ils feront l’acquisition de leurs futurs chiots.



Les premiers chiots, caille et bringé, nés le 26 octobre 2024 à la ferme de la Valette chez Sylwia Dauris. Les réservations sont ouvertes. Ils sont issus d’UNIK du Hogan des Vents & TITUS du Hogan des Vents. J’ai transmis tout mon travail comme il se doit, de génération d’éleveurs à génération d’éleveurs. A Sylwia d’en faire le sien et d’écrire une Nouvelle Page de l’histoire du Bouledogue français Ancien Type. Tous mes vœux l’accompagnent.

 


(1) Je suis titulaire d’un diplôme d’ingénieur en Agriculture (1983) de l’Ecole Supérieure d’Agriculture de Purpan Toulouse, d’un Diplôme d’Etudes Approfondies (1984) et d’un Doctorat de Zootechnie de l’Université des Sciences et Techniques du Languedoc à Montpellier (1988). Zootechnicien, Enseignant-chercheur à l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, j’ai dirigé et participé à plusieurs programmes de recherche en France, au Canada et aux USA. Puis j’ai été Paysan-éleveur pendant 24 ans. Je suis l’auteur de cinq ouvrages et de nombreux articles concernant l’élevage des animaux domestiques. Aujourd’hui retraité, je revendique le statut de chercheur indépendant et de libre-penseur.


BIBLIOGRAPHIE

(2) MAURIES Mathieu, 2022. Le Bouledogue français : retour aux sources. Publication site Internet Hogan des Vents.
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(3) MAURIES Mathieu, 2022. Programme de sélection du Bouledogue français à l’élevage du Hogan des Vents. Publication site Internet Hogan des Vents.
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(4) MAURIES Mathieu, 2024. Le drame du chien de protection en France. Publication site Internet Hogan des Vents.
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(5) MAURIES Mathieu, 2024. Mes chiens ont des puces. Publication site Internet Hogan des Vents.
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(6) MAURIES Mathieu, 2023. Le Montagne des Pyrénées – Chien de protection de troupeaux. Avenir édition. 515 pages.
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(7) MANAL Hemida. et al, 2021. Puppyhood diet as a factor in the development of owner‐reported allergy/atopy skin signs in adult dogs in Finland. Journal of Veterinary Internal Medicine, 35 (5): 2374 DOI: 10.1111/jvim.16211.
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(8) MAURIES Mathieu, 2023. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez le chien de race en France ? Du travail à la compagnie, histoire d’une dangereuse dérive qui ne dit pas son nom. Illustration avec les chiens pyrénéens et quelques autres in « Le Montagne des Pyrénées – Chien de protection de troupeaux » Avenir édition. 363

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(9) MAURIES Mathieu, 2024. Protocole d’éducation chiot Bouledogue français – GUIDE 2024 du débutant – Méthode Hogan des Vents. Publication site Internet Hogan des Vents.
 CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER A LA PUBLICATION

(10) DEHASSE Joël, 2024. Tout sur le comportement du chien. Education et génétique. Editions Odile Jacob. 333 pages.


(11) Coordonnées de Sylwia Dauris : 3 Valette 23700 Charron - 06 10 12 03 98



ANNEXE 1


FICHE DE NOTATION
 
Chien mâle : OURSO (sans affixe)



© Dr Mathieu Mauriès 2024